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Page:Platon - Œuvres complètes, Tome 2, trad Dacier et Grou, 1869.djvu/263

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prétend qu’il en a eu les oreilles rebattues. — Oui, par les dieux, s’écria Ctésippe, je le sais à merveille assurément ; et cela est fort plaisant. Hippothalès est l’amant le plus attentif et le plus préoccupé du monde, et il n’a pourtant rien à dire à ses amours qu’un enfant ne pût dire aussi bien que lui. Cela n’est-il pas plaisant ? Il nous rabâche et il nous chante tout ce qui court la ville sur Démocrate et sur Lysis, le grand-père de l’enfant, et sur tous ses ancêtres ; leurs richesses, leurs coursiers sans nombre, leurs victoires à Delphes, à l’Isthme, à Némée, victoires à la course des chars et à la course des chevaux, et d’autres histoires plus vieilles encore. Dernièrement, Socrate, il nous chanta une pièce sur l’hospitalité qu’Hercule avait reçue d’un de ces aïeux de Lysis, qui était parent d’Hercule, étant né lui-même de Jupiter et de la fille de celui qui fonda le dème d’Exonée, légendes racontées par toutes les vieilles femmes, avec d’autres semblables qu’il ressasse, qu’il chante, et qu’il nous oblige d’écouter. — Hippothalès, repris-je alors, voilà qui est singulier ! Tu composes et tu chantes ton propre éloge avant d’avoir vaincu ? — Mais, Socrate, ce n’est pas pour moi que je compose et que je chante. — Du moins, lui répondis-je, tu ne le crois pas. — Qu’est-ce à dire, Socrate ? – C’est que, lui dis-je, si tu es heureux dans de telles amours, ces vers et ces chants seront à ton honneur, c’est-à-dire à la louange de l’amant qui aura eu le bonheur de remporter une si belle victoire. Mais si ton bien-aimé t’abandonne, plus tu l’auras vanté et plus tu auras célébré ses grandes et belles qua-