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Page:Platon - Œuvres complètes, Tome 2, trad Dacier et Grou, 1869.djvu/267

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à interroger Lysis : — Dis-moi, Lysis, ton père et ta mère t’aiment beaucoup, n’est-ce pas ? — Beaucoup, me dit-il. — Ils voudraient donc te rendre aussi heureux que possible ? — Se peut-il autrement ? — Et regardes-tu comme heureux celui qui est esclave, et qui n’est libre de rien faire de ce qu’il désire ? — Non, par Jupiter, il ne me semble pas heureux. — Ainsi, ton père et ta mère, s’ils t’aiment véritablement et s’ils veulent ton bonheur, doivent évidemment faire tous leurs efforts pour te rendre heureux. — Il n’en peut être autrement. — Ils te laissent donc faire tout ce que tu veux, sans te réprimander jamais, ni t’empêcher d’agir à ta fantaisie ? — Mais si, par Jupiter, ils m’empêchent de faire bien des choses, Socrate. — Comment cela ? Ils veulent que tu sois heureux, et ils t’empêchent de faire ce que tu désires ? Si tu voulais, dis-moi, monter sur l’un des chars de ton père et prendre les rênes, lorsqu’il y a quelque lutte, t’en donnerait-il la permission, ou te le défendrait-il ? — Non certes, il ne me permettrait pas cela, à moi. — Et à qui donc ? — Il y a un conducteur qui reçoit pour cela un salaire de mon père. — Que dis-tu ? On permet à un mercenaire plutôt qu’à toi de faire ce qu’il veut des chevaux, et de plus on lui donne un salaire ? — Pourquoi non ? dit-il. — Mais on te permet, je pense, de conduire l’attelage des mulets, et même, si tu le voulais, de les frapper avec le fouet ? — Comment veux-tu qu’on me le permette ? — Personne ne peut donc les frapper ? — Si vraiment, dit-il, le muletier. — Est-il libre ou esclave ? — Esclave. —