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Page:Platon - Œuvres complètes, Tome 2, trad Dacier et Grou, 1869.djvu/278

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nous semble être, à nous autres, l’ennemi du méchant, et cela d’autant plus qu’il l’approche et le fréquente de plus près ; car il cherche à lui nuire. Or il est impossible que les êtres nuisibles et ceux qui ont à en souffrir deviennent jamais amis. N’est-ce pas ton avis ? — Si vraiment. — Voilà déjà la moitié de ce qu’ils disent convaincu de fausseté ; car le méchant est semblable au méchant. — Cela est vrai. — Mais peut-être ont-ils voulu dire que les bons seulement sont semblables aux bons et amis entre eux, tandis que les méchants, comme on l’a prétendu aussi, ne se ressemblent jamais ni entre eux ni à eux-mêmes, parce qu’ils sont changeants et variables. Rien d’étonnant alors que ce qui est différent de soi-même ne ressemble jamais à rien, et ne soit l’ami de rien. Voilà ce que je crois ; et toi ? — Moi de même. — Ainsi, mon cher, voici probablement ce que signifient ces expressions que le semblable est l’ami du semblable : c’est que le bon seul est l’ami du bon, et que le méchant est incapable d’une amitié vraie, soit envers l’homme de bien, soit envers le méchant. M’accordes-tu cela ? — Il l’accorda. À présent donc nous savons qui sont les vrais amis, car il ressort de ce raisonnement que les vrais amis ce sont les gens de bien. — C’est tout à fait mon avis, répondit-il. — Et le mien, repris-je ; mais j’y trouve pourtant quelque difficulté. Voyons donc, par Jupiter, et vérifions mes soupçons. Le semblable est-il l’ami du semblable, en tant que semblable, et à ce titre même lui est-il utile ? Ou plutôt, regardons la chose autrement : le semblable