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Page:Platon - Œuvres complètes, Tome 2, trad Dacier et Grou, 1869.djvu/279

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peut-il offrir à son semblable quelque avantage qu’il ne puisse tirer de lui-même, ou lui causer un dommage qu’il ne puisse éprouver de soi ? Ou encore le semblable peut-il attendre de son semblable quelque chose qu’il ne puisse attendre aussi bien de soi-même ? S’il en est ainsi, comment des êtres semblables se rapprocheront-ils l’un de l’autre, n’en devant retirer aucune utilité ? Cela est-il possible ? — Non, cela est impossible. — Et l’homme que personne ne recherchera sera-t-il jamais un ami ? — En aucune façon. — Mais si le semblable ne peut être l’ami du semblable, peut-être le bon sera-t-il l’ami du bon, non pas en tant que semblable, mais en tant que bon ? — Peut-être. — Oui, mais le bon ne se suffit-il pas à soi-même, en tant que bon ? — Sans doute. — Et quiconque se suffit n’a besoin de personne ? — Assurément. — N’ayant besoin de personne, il ne recherchera personne. — En effet. — S’il ne recherche personne il n’aimera personne. — Non certes. — Et s’il n’aime pas, lui-même ne sera pas aimé ? — Je ne le crois pas. — Comment donc les bons seraient-ils les amis des bons, eux qui, loin les uns des autres, ne se désirent pas mutuellement, puisqu’ils se suffisent à eux seuls, et qui près les uns des autres ne se servent à rien réciproquement ? Le moyen que de telles gens se puissent estimer entre eux ? — Impossible, dit-il. — Mais s’ils ne s’estiment pas, ils ne seront pas amis ? — Tu dis vrai.

« — Regarde, Lysis, comme nous avons pris le change. Ne vois-tu pas maintenant que nous nous