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Page:Platon - Œuvres complètes, tome 6, Dialogues dogmatiques II (trad. Dacier et Grou), 1869.djvu/69

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Il semble bien, Étranger, que nous avons maintenant complètement exposé le caractère du politique.

L’ÉTRANGER

Il serait fort à désirer qu’il en fût ainsi, Socrate. Mais il ne suffit pas que tu sois satisfait, il faut que je le sois moi-même aussi bien que toi. Or, je ne crois pas que la figure du roi soit encore complètement dessinée. Comme il arrive que les statuaires, par une précipitation intempestive, font certaines parties trop grandes, certaines autres trop petites, et se retardent en se hâtant, ainsi nous-mêmes, voulant montrer promptement et d’une manière magnifique l’erreur de notre précédente discussion, jugeant qu’il convenait de comparer le roi aux plus grands modèles, nous avons soulevé la masse extraordinaire de cette fable, et nous nous sommes mis dans la nécessité d’en employer une partie plus grande qu’il n’était besoin. De la sorte, notre exposition s’est trouvée trop longue, et nous n’avons pu mener à fin notre fable. Notre discours ressemble véritablement à l’image d’un animal dont les contours paraîtraient suffisamment marqués, mais qui manquerait du relief et de la distinction que donne le mélange des nuances et des couleurs. Notez que le dessin et les procédés manuels, quand il s’agit de représenter un animal, sont loin de valoir la parole et le discours, pour ceux du moins qui savent en faire usage ; car pour les autres, les procédés manuels sont préférables.

LE JEUNE

SOCRATE