Page:Platon - Apologie de Socrate ; Criton ; Phédon (trad. Chambry), 1992.djvu/166

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— Certainement.

— Eh bien, je dis que, dans une chose telle que celle-là, il ne peut jamais entrer d’idée contraire à la forme qui la constitue.

— Jamais en effet.

— Or ce qui la constitue, c’est la forme de l’impair ?

— Oui.

— Et l’idée contraire à cette chose est celle du pair ?

— Oui.

— Alors l’idée du pair n’entrera jamais dans le trois ?

— Non, assurément.

— Trois n’a donc point part au pair.

— Il n’en a point.

— Alors trois est sans rapport au pair ?

— Oui.

— Voilà donc ce que je voulais déterminer, c’est-à-dire quelles sont les choses qui, sans être contraires à une autre, refusent néanmoins de l’admettre. C’est ainsi que, dans le cas présent, le nombre trois, bien qu’il ne soit pas contraire au pair, ne l’admet pas davantage pour cela ; car il lui oppose toujours son contraire, comme le deux à l’impair, le feu au froid et une foule d’autres choses encore. Vois donc si tu acceptes cette définition : non seulement le contraire n’admet pas son contraire, mais ce qui apporte quelque chose de contraire à ce qu’il approche n’admet jamais le contraire de ce qu’il apporte lui-même. Penses-y encore ; car il n’est pas mal d’entendre cela plusieurs fois. Le nombre cinq n’admettra pas l’idée du pair, ni le nombre dix, qui en est le double, celle de l’impair. Il est vrai que ce double lui-même est le contraire d’autre chose, et cependant il n’admettra pas l’idée de l’impair, non plus que la moitié, le sesquialtère ni les autres fractions du même genre, ni non plus le tiers et toutes les parties analogues n’admettent l’idée du tout, si du moins tu me suis et demeures d’accord avec moi.

— Je suis, dit-il, entièrement d’accord avec toi, et je te suis.

LIV. — Reprenons les choses au commencement, dit Socrate, et garde-toi de me répondre avec les mots mêmes de ma question, mais suis l’exemple que je vais te donner. Je dis donc qu’outre la manière de répondre dont j’ai parlé d’abord, la manière sûre, j’en vois une autre également sûre à la lumière de ce qui vient d’être dit.