Page:Platon - Apologie de Socrate ; Criton ; Phédon (trad. Chambry), 1992.djvu/167

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Si en effet tu me demandais : Qu’est-ce qui doit se trouver dans le corps pour qu’il soit chaud ? je ne te ferais pas la réponse sûre, celle de l’ignorant, que c’est la chaleur, mais une réponse plus savante, tirée de ce que nous venons de dire, que c’est le feu. De même, si tu me demandais Qu’est-ce qui doit se trouver dans le corps pour qu’il soit malade, je ne te dirais pas la maladie, mais la fièvre ; et si tu me demandais : Qu’est-ce qui doit se trouver dans un nombre pour qu’il soit impair, je ne dirais pas l’imparité, mais l’unité, et ainsi du reste. Mais vois si à présent tu saisis bien ce que je veux dire.

— Oui, très bien, dit-il.

— Maintenant, continua Socrate, réponds. Que faut-il qui se trouve en un corps pour qu’il soit vivant ?

— Une âme, dit-il.

— En est-il toujours ainsi ?

— Sans doute, fit-il.

— Ainsi, quoi qu’elle occupe, l’âme y vient toujours en y apportant la vie ?

— Oui certainement, dit-il.

— Or y a-t-il quelque chose de contraire à la vie, ou n’y a-t-il rien ?

— Il y a quelque chose, dit-il.

— Quoi ?

— La mort.

— Donc il n’est pas à craindre qu’elle reçoive jamais le contraire de ce qu’elle apporte toujours ; cela suit de nos prémisses.

— Assurément, dit Cébès.

LV. — Mais ce qui n’admet pas l’idée du pair, comment l’avons-nous appelé tout à l’heure ?

— Non-pair, dit-il.

— Et ce qui ne reçoit pas le juste, et ce qui ne reçoit pas le musical ?

— Le non-musical, dit-il, et l’injuste.

— Fort bien ; mais ce qui ne reçoit pas la mort, comment l’appelons-nous ?

— Immortel, dit-il.

— Or l’âme ne reçoit pas la mort ?

— Non.

— L’âme est donc immortelle ?

— Elle est immortelle.

— Fort bien, dit-il. Pouvons-nous dire que cela est démontré ? Qu’en penses-tu ?