Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/198

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C’est une question.

SOCRATE

Eh bien, je crois qu’ils ne sont pas considérés du tout.

POLOS

Comment pas considérés ? Ne sont‑ils pas très puissants dans l’État ?

SOCRATE

Non, si tu entends que la puissance est un bien pour qui la possède.

POLOS

C’est bien ainsi que je l’entends.

SOCRATE

Eh bien, pour moi, les orateurs sont les moins puis­sants des citoyens.

POLOS

Comment ? Ne peuvent‑ils pas, comme les tyrans, faire mettre à mort qui ils veulent, spolier et bannir qui leur plaît ?

SOCRATE

Par le chien, Polos, je me demande, à chaque mot que tu dis, si tu parles de ton chef et si tu exprimes ta propre pensée, ou si tu me demandes la mienne.

POLOS

Mais oui, je te demande la tienne.

SOCRATE

Soit, mon ami ; mais alors tu me poses deux questions à la fois.

POLOS

Comment, deux questions ?

SOCRATE

N’as‑tu pas dit, ou à peu près, il n’y a qu’un instant, que les orateurs font périr ceux qu’ils veulent, comme les tyrans, qu’ils dépouillent et bannissent ceux qu’il leur plaît ?

POLOS

Si.

SOCRATE

XXII. — Eh bien, je dis que ce sont deux questions distinctes et je vais répondre à l’une et à l’autre. Je main­tiens, moi, Polos, que les orateurs et les tyrans ont très peu de pouvoir dans les États, comme je le disais tout à 466e-46