Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/199

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7b l’heure, car ils ne font presque rien de ce qu’ils veulent, quoiqu’ils fassent ce qui leur paraît le meilleur.

POLOS

Eh bien, n’est‑ce pas être puissant, cela ?

SOCRATE

Non, du moins d’après ce que dit Polos.

POLOS

Moi, je dis non ? Je dis oui au contraire.

SOCRATE

Non, par le ... 16, tu ne le dis pas, puisque tu as affirmé qu’un grand pouvoir était un bien pour celui qui le pos­sède.

POLOS

Oui, je l’affirme, en effet.

SOCRATE

Crois‑tu donc que ce soit un bien pour quelqu’un de faire ce qui lui paraît le meilleur, s’il est privé de raison, et appelles‑tu cela être très puissant ?

POLOS

Non.

SOCRATE

Alors, tu vas me prouver que les orateurs ont du bon sens et que la rhétorique est un art, non une flatterie, par une réfutation en règle ? Mais, tant que tu ne m’auras pas réfuté, ni les orateurs qui font ce qui leur plaît dans les États, ni les tyrans ne posséderont de ce fait aucun bien ; et cependant le pouvoir, d’après ce que tu dis, est un bien, tandis que faire ce qui vous plaît, quand on est dénué de bon sens, tu avoues toi-même que c’est un mal, n’est‑ce pas ?

POLOS

Oui.

SOCRATE

Dès lors, comment les orateurs et les tyrans seraient‑ils très puissants dans les États, si Socrate n’est point réfuté par Polos et convaincu qu’ils font ce qu’ils veulent ?

POLOS

Cet homme‑là...

SOCRATE

Je soutiens qu’ils ne font pas ce qu’ils veulent : réfute­-moi.

POLOS

Ne viens‑tu pas d’accorder tout à l’heure qu’ils font ce qui leur paraît être le meilleur ?

SOCRATE

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