494b-494e Mais si l’on y verse beaucoup, n’est‑il pas nécessaire qu’il s’en écoule beaucoup aussi et qu’il y ait de larges trous pour les écoulements ?
Bien sûr.
Alors, c’est la vie d’un pluvier [1] que tu vantes, non celle d’un mort ni d’une pierre. Mais dis‑moi : ce que tu veux dire, c’est qu’il faut avoir faim, et, quand on a faim, manger ?
Oui.
Et avoir soif, et, quand on a soif, se désaltérer ?
Oui, et qu’il faut avoir tous les autres désirs, pouvoir les satisfaire, et y trouver du plaisir pour vivre heureux.
XLIX. — Fort bien, excellent Calliclès. Continue comme tu as commencé, et garde‑toi de toute fausse honte. De mon côté, je ne dois pas non plus, ce me semble, en montrer. Et d’abord, dis‑moi si c’est vivre heureux, quand on a la gale et envie de se gratter, de se gratter à son aise et de passer sa vie à se gratter.
Tu es absurde, Socrate ; on te prendrait pour un véritable orateur populaire.
C’est ainsi, Calliclès, que j’ai déconcerté et intimidé Polos et Gorgias ; mais toi, il n’y a pas de danger que tu te déconcertes et sois intimidé, car tu es un brave. Réponds seulement.
Je réponds donc qu’on peut, en se grattant, vivre agréablement.
Donc heureusement, si on vit agréablement.
Certainement.
Les démangeaisons ne sont‑elles agréables que sur la tête, ou dois‑je pousser plus loin mon interrogation ? Vois, 494e-495
- ↑ D'après le scoliaste, Platon a choisi l'exemple du pluvier parce qu'après avoir bu, il rejette l'eau qu'il vient d'avaler.