Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/247

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'497a-497c Je ne saisis pas tes subtilités, Socrate.

SOCRATE

Tu les saisis fort bien : mais tu fais l’ignorant, Calliclès. Avançons encore un peu.

CALLICLÈS

Quelles sornettes as‑tu à dire ?

SOCRATE

Je veux te faire voir quel habile homme tu es, toi qui me fais des remontrances. Chacun de nous, du moment qu’il cesse d’avoir soif, ne cesse‑t‑il pas aussi de prendre plaisir à boire ?

CALLICLÈS

Je ne sais pas ce que tu veux dire.

GORGIAS

Ne parle pas ainsi, Calliclès. Réponds plutôt, ne fût‑ce que par égard pour nous, afin que notre discussion arrive à son terme.

CALLICLÈS

Mais Socrate est toujours le même : il vous pose un tas de petites questions insignifiantes jusqu’à ce qu’il vous ait réfuté.

GORGIAS

Que t’importe ? En tout cas, tu n’as pas à les apprécier. Laisse Socrate argumenter comme il lui plaît.

CALLICLÈS

Alors fais tes menues et mesquines questions, puisque tel est l’avis de Gorgias.

SOCRATE

LII. — Tu es bien heureux, Calliclès, d’avoir été initié aux grands mystères avant de l’être aux petits [1]. Je ne croyais pas que cela fût permis. Reprenons donc la dis­cussion où tu l’as laissée et dis‑moi si chacun de nous ne cesse pas en même temps d’avoir soif et de sentir du plaisir.

CALLICLÈS

Je l’avoue.

SOCRATE

De même pour la faim et les autres appétits, ne cesse‑t‑il pas en même temps de sentir le désir et le plaisir ?

CALLICLÈS

C’est vrai.

SOCRATE

497c-498a

  1. Les petits mystères se célébraient à Athènes et les grands à Éleusis. On ne pouvait être initié aux grands mystères avant de l'avoir été aux petites.