Ne cesse‑t‑il pas aussi en même temps de sentir la peine et le plaisir ?
Si.
C’est le contraire pour les biens et les maux : ils ne cessent pas en même temps. Tu l’as reconnu toi-même ; le reconnais‑tu encore à présent ?
Oui, et après ?
C’est la preuve, mon ami, que le bien n’est pas la même chose que l’agréable, ni le mal que la douleur, puisque des uns, on est débarrassé en même temps, des autres non, car ils sont distincts. Dès lors comment l’agréable serait‑il identique au bien et la douleur au mal ? Mais, si tu veux, considère encore la question de ce biais ; car je crois bien que, même après la preuve que je viens d’en donner, tu ne te rends pas à mon opinion. Vois donc : les bons, selon toi, ne sont‑ils pas bons par la présence du bien, de même que les beaux, par la présence de la beauté ?
Si.
Mais sont‑ce les insensés et les lâches que tu appelles bons ? Ce n’étaient pas ceux‑là tout à l’heure, mais les hommes courageux et intelligents que tu qualifiais de bons. N’est‑ce pas ceux‑ci que tu appelles bons ?
Certainement.
Et maintenant, n’as‑tu jamais vu un enfant sans raison éprouver de la joie ?
Si.
Et n’as‑tu pas encore vu d’homme déraisonnable qui fût joyeux ?
Je crois bien que si ; mais à quoi tend cette question ?
A rien. Réponds seulement.
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