Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/257

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'502c-503b Or ces discours s’adressent à la multitude et au peuple ?

CALLICLÈS

Oui.

SOCRATE

La poésie est donc une sorte de discours au peuple ?

CALLICLÈS

Il y a apparence.

SOCRATE

Donc un discours d’orateur. Ou bien les poètes ne te semblent‑ils pas faire acte d’orateur dans les théâtres ?

CALLICLÈS

Si.

SOCRATE

Nous venons donc de trouver une sorte de rhétorique à l’usage d’un peuple formé d’enfants, de femmes et d’hommes, d’esclaves et d’hommes libres confondus ensemble, rhétorique que nous apprécions peu, puisque nous la tenons pour une flatterie.

CALLICLÈS

Assurément.

SOCRATE

LVIII. — Bon. Mais la rhétorique qui s’adresse au peuple d’Athènes et à celui des autres États, c’est‑à‑dire à des hommes libres, quelle idée faut‑il en prendre ? Te paraît‑il que les orateurs parlent toujours en vue du plus grand bien et se proposent pour but de rendre par leurs discours les citoyens aussi vertueux que possible, ou crois‑tu que, cherchant à plaire aux citoyens et négli­geant l’intérêt public pour s’occuper de leur intérêt personnel, ils se conduisent avec les peuples comme avec des enfants, essayant seulement de leur plaire, sans s’in­quiéter aucunement si par ces procédés ils les rendent meilleurs ou pires ?

CALLICLÈS

Cette question n’est plus aussi simple. Il y a des orateurs qui parlent dans l’intérêt des citoyens ; il y en a d’autres qui sont tels que tu dis.

SOCRATE

Il suffit. S’il y a deux manières de parler au peuple, l’une des deux est une flatterie et une déclamation hon­teuse ; l’autre est l’honnête, j’entends celle qui travaille à rendre les âmes des citoyens les meilleures possible, qui s’applique à dire toujours le meilleur, que cela plaise ou déplaise à l’auditoire. Mais tu n’as jamais vu de 503b-504a'