Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/261

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05d pas la même ? Tant qu’elle est mauvaise, parce qu’elle est déraisonnable, incontinente, injuste, impie, il faut l’éloigner de ce qu’elle désire et ne pas lui permettre de faire autre chose que ce qui doit la rendre meilleure. Es‑tu de cet avis ou non ?

CALLICLÈS

Je suis de cet avis.

SOCRATE

N’est‑ce pas là ce qui vaut le mieux pour l’âme elle-­même ?

CALLICLÈS

Assurément.

SOCRATE

Mais éloigner quelqu’un de ce qu’il désire, n’est‑ce pas le châtier ?

CALLICLÈS

Si.

SOCRATE

Donc le châtiment est meilleur pour l’âme que l’inconti­nence, contrairement à ce que tu pensais tout à l’heure ?

CALLICLÈS

Je ne sais ce que tu veux dire, Socrate. Interroge un autre que moi.

SOCRATE

Cet homme‑là ne souffre pas qu’on lui rende service, et ne peut supporter la chose même dont nous parlons, le châtiment.

CALLICLÈS

Je ne me soucie aucunement de ce que tu dis et je ne t’ai répondu que pour faire plaisir à Gorgias.

SOCRATE

Soit. Mais alors que faire ? Allons‑nous rompre l’entre­tien sans l’achever ?

CALLICLÈS

C’est à toi d’en décider.

SOCRATE

Il n’est pas permis, dit‑on, de laisser en plan même un conte : il faut lui donner une tête, pour qu’il ne circule pas sans tête. Réponds donc encore pour ce qui reste, afin de donner une tête à notre entretien.

CALLICLÈS

LXI. — Quel tyran tu fais, Socrate ! Mais, si tu m’en crois, tu laisseras tomber cette discussion, ou tu discuteras avec un autre que moi.