05d pas la même ? Tant qu’elle est mauvaise, parce qu’elle est déraisonnable, incontinente, injuste, impie, il faut l’éloigner de ce qu’elle désire et ne pas lui permettre de faire autre chose que ce qui doit la rendre meilleure. Es‑tu de cet avis ou non ?
Je suis de cet avis.
N’est‑ce pas là ce qui vaut le mieux pour l’âme elle-même ?
Assurément.
Mais éloigner quelqu’un de ce qu’il désire, n’est‑ce pas le châtier ?
Si.
Donc le châtiment est meilleur pour l’âme que l’incontinence, contrairement à ce que tu pensais tout à l’heure ?
Je ne sais ce que tu veux dire, Socrate. Interroge un autre que moi.
Cet homme‑là ne souffre pas qu’on lui rende service, et ne peut supporter la chose même dont nous parlons, le châtiment.
Je ne me soucie aucunement de ce que tu dis et je ne t’ai répondu que pour faire plaisir à Gorgias.
Soit. Mais alors que faire ? Allons‑nous rompre l’entretien sans l’achever ?
C’est à toi d’en décider.
Il n’est pas permis, dit‑on, de laisser en plan même un conte : il faut lui donner une tête, pour qu’il ne circule pas sans tête. Réponds donc encore pour ce qui reste, afin de donner une tête à notre entretien.
LXI. — Quel tyran tu fais, Socrate ! Mais, si tu m’en crois, tu laisseras tomber cette discussion, ou tu discuteras avec un autre que moi.