Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

504c-505b C’est exact.

SOCRATE

L’ordre et la règle dans l’âme s’appellent légalité et loi, et c’est ce qui fait les hommes justes et réglés ; et c’est cela qui constitue la justice et la tempérance. L’accordes-­tu, ou non ?

CALLICLÈS

Soit.

SOCRATE

LX. — Voilà donc ce que l’orateur dont je parle, celui qui suit l’art et la vertu, aura en vue dans tous les discours qu’il adressera aux âmes, et dans toutes ses actions, et, soit qu’il donne, soit qu’il ôte quelque chose au peuple, il songera sans cesse aux moyens de faire naître la justice dans l’âme de ses concitoyens et d’en bannir l’injustice, d’y faire germer la tempérance et d’en écarter l’incontinence, en un mot d’y introduire toutes les vertus et d’en exclure tous les vices. M’accordes‑tu cela, ou non ?

CALLICLÈS

Je te l’accorde.

SOCRATE

A quoi sert‑il en effet, Calliclès, d’offrir à un corps malade et mal en point des aliments en abondance, des boissons exquises et tout autre délice qui parfois ne lui profitera pas plus, à en bien juger, que le traitement contraire, qui lui profitera même moins ? Est‑ce vrai ?

CALLICLÈS

Soit.

SOCRATE

Ce n’est pas, je pense, un avantage pour un homme de vivre avec un corps misérable, car il est, en ce cas, condamné à une vie misérable aussi. N’est‑ce pas exact ?

CALLICLÈS

Si.

SOCRATE

N’est‑il pas vrai que les médecins permettent généra­lement, quand on est bien portant, de satisfaire ses désirs, par exemple de manger autant qu’on veut, quand on a faim, de boire quand on a soif, tandis que, si l’on est malade, ils ne permettent pour ainsi dire jamais de se rassasier de ce qu’on désire. Es‑tu d’accord avec moi sur ce point ?

CALLICLÈS

Oui.

SOCRATE

Et pour l’âme, excellent Calliclès, la règle n’est‑elle 505b-5