d’injustice ? Ou s’en faut‑il de beaucoup, s’il doit ressembler à son maître, qui est injuste, et avoir un grand crédit près de lui ? Moi, le pense, au contraire, qu’il s’arrangera pour pouvoir commettre le plus d’injustices possible et n’en pas être puni. Qu’en dis‑tu ?
Il y a apparence.
Il aura donc en lui le plus grand des maux, une âme pervertie et dégradée par l’imitation de son maître et par la puissance.
Je ne sais pas comment tu peux, Socrate, mettre sens dessus dessous tous les raisonnements. Ne sais‑tu pas que cet imitateur fera périr, s’il le veut, celui qui n’imite pas le tyran et lui enlèvera ses biens ?
Je le sais, mon bon Calliclès. Il faudrait être sourd pour l’ignorer ; car je te l’ai entendu dire à toi, et je l’ai entendu répéter maintes fois tout à l’heure à Polos, et à presque tous les habitants de la ville. Mais à ton tour, écoute ceci : Oui, il tuera, s’il veut, mais c’est un méchant qui tuera un honnête homme.
N’est‑ce pas précisément cela qui est le plus révoltant ?
Non pas, du moins pour un homme sensé, comme la raison le démontre. Crois‑tu donc que le but des efforts de l’homme soit de vivre le plus longtemps possible et de pratiquer les arts qui nous sauvent toujours des dangers, comme cette rhétorique que tu me conseilles de cultiver, parce qu’elle nous sauve dans les tribunaux ?
Oui, par Zeus, et mon conseil est bon.
LXVII. — Mais voyons, mon excellent ami. Penses‑tu que l’art de nager soit aussi un art considérable ?
Non, par Zeus.
Et pourtant cet art aussi sauve les hommes de la mort, dans les accidents où l’on a besoin de savoir nager. Mais si cet art te paraît mesquin, je vais t’en nommer un plus 511d-512d