510b-510e te paraît également bien dit. Il me semble à moi que la plus étroite amitié qui puisse lier un homme à un homme est, comme le disent les anciens sages, celle qui unit le semblable au semblable. Et à toi ?
A moi aussi.
Ainsi là où le pouvoir appartient à un tyran sauvage et grossier, s’il y a dans la cité quelque citoyen beaucoup meilleur que lui, le tyran le redoutera certainement et ne pourra jamais l’aimer du fond du cœur.
C’est exact.
Mais s’il y a un homme beaucoup plus mauvais que lui, le tyran ne saurait l’aimer non plus ; car il le mépriserait et ne rechercherait jamais son amitié.
C’est vrai aussi.
Alors le seul ami digne de considération qui lui reste est un homme du même caractère que lui ; qui blâme et loue les mêmes choses et qui consent à lui obéir et à s’incliner sous son autorité. Celui-là jouira d’un grand pouvoir dans la cité et personne ne pourra se féliciter de lui faire du mal. N’est‑ce pas la vérité ?
Si.
Si donc quelque jeune homme dans cette cité, se disait à lui-même : « Comment pourrais‑je devenir puissant et me mettre à l’abri de toute injustice ? » voici, semble‑t‑il, la route à suivre, c’est de s’habituer de bonne heure à aimer et à haïr les mêmes choses que le maître et de s’arranger pour lui ressembler le plus possible. N’est‑ce pas vrai ?
Si.
Voilà l’homme qui réussira à se mettre à l’abri de l’injustice et à devenir, comme vous dites, puissant dans la cité.
Parfaitement.
Mais réussira‑t‑il également à ne pas commettre 510e-511d