16c début, Périclès avait une bonne réputation et que les Athéniens ne votèrent contre lui aucune peine infamante, au temps où ils avaient moins de vertu, mais lorsqu’ils furent devenus d’honnêtes gens grâce à lui, vers la fin de sa vie, ils le condamnèrent pour vol ; ils faillirent même lui infliger la peine de mort, évidemment parce qu’ils le jugeaient méchant 46.
Eh bien, Périclès était‑il méchant pour cela ?
En tout cas, un gardien d’ânes, de chevaux ou de bœufs serait jugé mauvais s’il était dans le cas de Périclès, si, ayant reçu à garder des animaux qui ne ruaient pas, qui ne frappaient pas de la corne, qui ne mordaient pas, il les avait rendus sauvages au point de faire tout cela. Ne tiens‑tu pas pour mauvais tout gardien d’animaux, quels qu’ils soient, qui, les ayant reçus plus doux, les a rendus plus sauvages qu’il ne les a reçus ? Est‑ce ton avis, ou non ?
Oui, pour te faire plaisir.
Fais‑moi donc encore le plaisir de répondre à ceci l’homme fait‑il, ou non, partie des animaux ?
Sans doute.
Or, c’était des hommes que Périclès avait à conduire ?
Oui.
Eh bien, n’auraient‑ils pas dû, comme nous venons d’en convenir, devenir par ses soins plus justes qu’ils ne l’étaient avant, si Périclès avait pour les diriger les qualités d’un homme d’État ?
Certainement.
Or les justes sont doux, au dire d’Homère 47. Qu’en dis‑tu ? N’est‑ce pas ton avis ?
Si.
Cependant il les a rendus plus féroces qu’il ne les 516c-51