Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/274

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16c début, Périclès avait une bonne réputation et que les Athéniens ne votèrent contre lui aucune peine infamante, au temps où ils avaient moins de vertu, mais lorsqu’ils furent devenus d’honnêtes gens grâce à lui, vers la fin de sa vie, ils le condamnèrent pour vol ; ils faillirent même lui infliger la peine de mort, évidemment parce qu’ils le jugeaient méchant 46.

CALLICLÈS

Eh bien, Périclès était‑il méchant pour cela ?

SOCRATE

En tout cas, un gardien d’ânes, de chevaux ou de bœufs serait jugé mauvais s’il était dans le cas de Péri­clès, si, ayant reçu à garder des animaux qui ne ruaient pas, qui ne frappaient pas de la corne, qui ne mordaient pas, il les avait rendus sauvages au point de faire tout cela. Ne tiens‑tu pas pour mauvais tout gardien d’ani­maux, quels qu’ils soient, qui, les ayant reçus plus doux, les a rendus plus sauvages qu’il ne les a reçus ? Est‑ce ton avis, ou non ?

CALLICLÈS

Oui, pour te faire plaisir.

SOCRATE

Fais‑moi donc encore le plaisir de répondre à ceci l’homme fait‑il, ou non, partie des animaux ?

CALLICLÈS

Sans doute.

SOCRATE

Or, c’était des hommes que Périclès avait à conduire ?

CALLICLÈS

Oui.

SOCRATE

Eh bien, n’auraient‑ils pas dû, comme nous venons d’en convenir, devenir par ses soins plus justes qu’ils ne l’étaient avant, si Périclès avait pour les diriger les qualités d’un homme d’État ?

CALLICLÈS

Certainement.

SOCRATE

Or les justes sont doux, au dire d’Homère 47. Qu’en dis‑tu ? N’est‑ce pas ton avis ?

CALLICLÈS

Si.

SOCRATE

Cependant il les a rendus plus féroces qu’il ne les 516c-51