15b-515e t’interroge, c’est parce que j’ai un véritable désir de savoir ton opinion sur la manière dont il faut traiter la politique chez nous. T’occuperas‑tu, une fois arrivé aux affaires, d’autre chose que de faire de nous des citoyens aussi parfaits que possible ? N’avons‑nous pas déjà reconnu mainte fois que tel était le devoir de l’homme d’État ? L’avons-nous reconnu, oui ou non ? Réponds. Oui, nous l’avons reconnu, puisqu’il faut que je réponde pour toi. Si donc tel est l’avantage que l’homme de bien doit ménager à sa patrie, rappelle‑toi les hommes dont tu parlais tout à l’heure et dis‑moi si tu crois toujours qu’ils ont été de bons citoyens, les Périclès, les Cimon, les Miltiade, les Thémistocle.
Oui, je le crois.
S’ils étaient bons, il est évident que chacun d’eux rendait ses concitoyens meilleurs qu’ils n’avaient été jusqu’alors. Le faisaient‑ils, ou non ?
Oui.
Donc, lorsque Périclès commença à parler en public, les Athéniens étaient moins bons que lorsqu’il prononça ses derniers discours ?
Peut‑être.
Ce n’est pas peut‑être, excellent Calliclès, c’est nécessairement qu’il faut dire, d’après les principes que nous avons reconnus, s’il est vrai que cet homme d’État était un bon citoyen.
Et après ?
Rien. Mais réponds encore à cette question : les Athéniens passent‑ils pour être devenus meilleurs grâce à Périclès, ou, au contraire, ont‑ils été corrompus par lui ? J’entends dire en effet que Périclès a rendu les Athéniens paresseux, lâches, bavards, et avides d’argent, en établissant le premier un salaire pour les fonctions publiques 44.
C’est aux laconisants aux oreilles déchirées 45 que tu as entendu dire cela, Socrate.
Eh bien, voici une chose que je n’ai pas apprise par ouï-dire, mais que je sais positivement et toi aussi, c’est qu’au 515e-5