Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/306

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occasion leur vaut aujourd’hui nos éloges et leur vaudra dans l’avenir ceux de la postérité. Mais après cela beaucoup de cités grecques étaient encore aux côtés du barbare, et l’on annonçait que le Grand Roi lui-même projetait une nouvelle entreprise contre la Grèce. Aussi est-il juste de mentionner aussi ceux qui mirent la dernière main à l’œuvre de salut commencée par leurs devanciers, en balayant et chassant toute la gent barbare de la mer. Et ceux-là furent les hommes qui se battirent sur mer à l’Eurymédon, ceux qui firent campagne contre Chypre, ceux qui cinglèrent vers l’Égypte et beaucoup d’autres pays. Il faut rappeler leur mémoire et leur savoir gré d’avoir contraint le roi, pris de peur, de songer à son propre salut, au lieu de machiner la perte de la Grèce.

XIII. — Et cette guerre contre les barbares, toute la cité la soutint jusqu’au bout dans l’intérêt des autres peuples de même langue aussi bien que dans le sien. Mais quand la paix fut conclue et notre cité à l’honneur, elle essuya le traitement que les hommes infligent d’ordinaire à ceux qui ont réussi, la rivalité d’abord, et à la suite de la rivalité l’envie, et c’est ainsi que notre ville se vit malgré elle en état d’hostilité avec des Grecs. Après cela, la guerre ayant éclaté, ils en vinrent aux mains avec les Lacédémoniens à Tanagra, où ils se battirent pour la liberté des Béotiens. L’issue de la bataille fut douteuse, mais l’engagement suivant fut décisif ; car les Lacédémoniens se retirèrent, abandonnant les Béotiens qu’ils étaient venus secourir, et les nôtres, après avoir vaincu le troisième jour à Oenophytes, ramenèrent justement dans leur patrie ceux qui en avaient été bannis injustement. Ceux-là furent les premiers qui, après la guerre Persique, défendirent la liberté contre des Grecs. Comme ils s’étaient bravement conduits et avaient affranchi ceux qu’ils étaient allés secourir, ils furent les premiers qui reçurent de l’État l’honneur d’être déposés dans ce monument.

Par la suite, la guerre étant devenue générale, comme tous les Grecs avaient envahi et ravagé notre territoire, payant ainsi notre ville d’une indigne reconnaissance, les nôtres les vainquirent dans une bataille navale et capturèrent leurs chefs, les Lacédémoniens, à Sphagie. Au lieu de les mettre à mort comme ils le pouvaient, ils les épargnèrent, les rendirent et firent la paix, estimant que contre les peuples de même race il ne faut pas pousser la guerre au-delà de la victoire ni sacrifier au ressentiment particulier d’un État la communauté grecque, tandis que contre les barbares il faut aller jusqu’à l’extermination. Il est donc juste de louer ces hommes, qui ont soutenu cette guerre et maintenant reposent ici, parce qu’ils ont démontré que, si quelqu’un contestait la supériorité des Athéniens sur tous les autres dans la guerre précédente