Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/305

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Erétriens. Ils avaient achevé la première entreprise et ils tentaient la deuxième, sans qu’aucun des Grecs se fût porté au secours ni des Erétriens, ni des Athéniens, hormis les Lacédémoniens ; mais ceux-ci n’étaient arrivés que le lendemain de la bataille. Tous les autres, frappés de terreur, se tinrent en repos, heureux d’échapper au danger pour le moment. C’est en se reportant à cette situation qu’on pourra apprécier la vaillance de ces braves, qui reçurent à Marathon le choc de l’armée des barbares, châtièrent l’insolent orgueil de l’Asie entière et dressèrent les premiers des trophées sur les barbares ; ils ouvrirent ainsi la voie aux autres et leur apprirent que la puissance des Perses n’était pas invincible et qu’il n’y a ni nombre ni richesse qui ne le cède à la valeur. Aussi j’affirme, moi, que ces héros furent les pères non seulement de nos personnes, mais aussi de notre liberté et de celle de tous les Grecs qui peuplent ce continent ; car c’est parce qu’ils avaient les yeux fixés sur cette grande œuvre que les Grecs osèrent risquer pour leur salut les batailles qui eurent lieu plus tard, suivant l’exemple du héros de Marathon.

XI. — C’est donc à ces héros que notre discours doit décerner le premier prix de la valeur ; le second sera pour les vainqueurs des batailles navales de Salamine et d’Artémision. De ces derniers aussi il y a beaucoup à dire, et quels assauts ils ont soutenus à la fois sur terre et sur mer, et comment ils les ont repoussés ; mais ce qui me paraît être chez eux aussi le plus beau titre de gloire, je le rappellerai en disant qu’ils ont consommé l’œuvre commencée par les soldats de Marathon. Les soldats de Marathon avaient seulement montré aux Grecs qu’il était possible de repousser une multitude de barbares avec une poignée d’hommes ; mais avec des vaisseaux, c’était à voir encore : les Perses avaient la réputation d’être invincibles sur mer par le nombre, la richesse, l’habileté et la force. Aussi ce qui mérite d’être loué chez ceux qui combattirent alors sur la flotte, c’est qu’ils dissipèrent cette seconde crainte des Grecs et mirent fin à la peur qu’inspirait la multitude des vaisseaux et des hommes. Le résultat, dû à la fois à ceux qui combattirent à Marathon et à ceux qui combattirent sur mer à Salamine, c’est l’enseignement donné aux autres Grecs, qui, grâce d’une part aux combattants sur terre, et de l’autre aux combattants sur mer, apprirent et s’habituèrent à ne pas craindre les barbares.

XII. — Au troisième rang, par la date et le mérite, je place ce qui fut fait à Platées pour la liberté de la Grèce, et cette fois par les Lacédémoniens et les Athéniens réunis. Le péril était immense et formidable ; à eux tous, ils le repoussèrent, et la vaillance qu’ils déployèrent en cette