Page:Platon - Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène, Ménon, Cratyle (trad. Chambry), 1992.djvu/313

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leurs armes, quand ils entrent pour la première fois au foyer de leurs pères, pour y exercer avec force leur autorité. Pour les morts eux-mêmes, il ne cesse jamais de les honorer : tous les ans il célèbre publiquement en mémoire de tous les mêmes cérémonies que chacun fait dans son intérieur en mémoire des siens ; il y ajoute des jeux gymniques et hippiques et des concours musicaux de toute nature, et l’on peut dire vraiment qu’à l’égard des morts il remplace l’héritier et le fils, à l’égard des fils le père, à l’égard de leurs pères le tuteur, et dans tout le cours du temps il étend sur tous toute sa vigilance. La pensée de cette sollicitude doit vous faire supporter plus doucement votre malheur ; c’est le meilleur moyen de vous rendre chers aux morts et aux vivants et de faciliter les soins que vous avez à donner et à recevoir. Et maintenant que vous avez, vous et tous les autres, pleuré les morts en commun conformément à la loi, retirez-vous. »

XXII. — Tu as là,

MÉNEXÈNE

, le discours d’Aspasie de Milet.

MÉNEXÈNE

Par Zeus,

SOCRATE

, elle est bienheureuse, ton Aspasie, de pouvoir, étant femme, composer de tels discours.

SOCRATE

Eh bien, si tu ne le crois pas, suis-moi, et tu l’entendras parler elle-même.

MÉNEXÈNE

Je me suis trouvé plus d’une fois avec Aspasie,

SOCRATE

, et je sais ce qu’elle vaut.

SOCRATE

Eh bien, ne l’admires-tu pas et aujourd’hui ne lui sais-tu pas gré de son discours ?

MÉNEXÈNE

Si,

SOCRATE

 ; je sais même beaucoup de gré de ce discours à Aspasie ou à celui, quel qu’il soit, qui te l’a débité, et j’ajoute, beaucoup de gré aussi à celui qui l’a récité.

SOCRATE

Voilà qui va bien, mais vois à ne pas me trahir, si tu veux que je te rapporte encore beaucoup de beaux discours politiques de sa façon.

MÉNEXÈNE