Page:Platon - Théétète. Parménide, trad. Chambry.djvu/152

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SOCRATE

Mais compter n’est pour nous autre chose que d’examiner à combien se monte un nombre.

THÉÉTÈTE

C’est juste.

SOCRATE

Il apparaît donc que l’homme qui, comme nous l’avons admis, connaît tous les nombres essaye de découvrir ce qu’il connaît, comme s’il n’en avait aucune connaissance. Tu as sans doute déjà entendu débattre des questions de cette sorte.

THÉÉTÈTE

Oui.

SOCRATE

XXXVII. — Reprenant donc notre comparaison avec l’acquisition et la chasse des pigeons, nous dirons qu’il y a là une double chasse, l’une qui se fait avant l’acquisition dans la vue d’acquérir, et l’autre après l’acquisition en vue de prendre et d’avoir dans ses mains ce qu’on possédait depuis longtemps. De même, si l’on est depuis longtemps possesseur de sciences qu’on a apprises et qu’on sait, on peut rapprendre à nouveau ces mêmes sciences, en ressaisissant et tenant la science de chaque objet, science dont on était déjà en possession, mais qu’on n’avait pas présente à la pensée.

THÉÉTÈTE

C’est vrai.

SOCRATE

C’est justement ce que je demandais tout à l’heure : de quels termes faut-il se servir pour parler de l’arithméticien qui se met à calculer ou du grammairien qui va lire quelque chose ? Dira-t-on dans ce cas que, sachant une chose, il va derechef apprendre de lui-même ce qu’il sait ?

THÉÉTÈTE

Mais ce serait étrange, Socrate.

SOCRATE

Dirons-nous alors qu’il va lire ou compter ce qu’il ne sait pas, après lui avoir accordé, à l’un la science de toutes les lettres, à l’autre celle de tous les nombres ?

THÉÉTÈTE

Ce serait également illogique.