Page:Platon - Théétète. Parménide, trad. Chambry.djvu/167

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SOCRATE

Si donc il faut juger de tout le reste d’après notre propre expérience des éléments et des syllabes, nous dirons que le genre des éléments se prête à une connaissance beaucoup plus claire et plus décisive que la syllabe, si l’on veut saisir parfaitement chaque enseignement, et si quelqu’un soutient que la syllabe est connaissable et l’élément naturellement inconnaissable, nous croirons qu’il plaisante, qu’il en ait ou non l’intention.

THÉÉTÈTE

Parfaitement.

SOCRATE

XLII. — On pourrait d’ailleurs, ce me semble, trouver d’autres arguments pour le prouver. Mais prenons garde qu’ils ne nous fassent oublier ce que nous nous sommes proposé d’examiner, ce qu’on entend quand on dit que l’explication rationnelle s’ajoutant à l’opinion vraie forme la science la plus parfaite.

THÉÉTÈTE

C’est ce qu’il faut voir.

SOCRATE

Eh bien, allons, que veut-on nous faire entendre par ce mot d’explication ? Il me semble qu’il signifie une de ces trois choses ?

THÉÉTÈTE

Lesquelles ?

SOCRATE

La première est de rendre sa pensée sensible par la voix au moyen des verbes et des noms, en peignant son opinion dans le courant qui sort de la bouche, comme dans un miroir ou dans l’eau. Ne crois-tu qu’une explication, c’est quelque chose de cette sorte ?

THÉÉTÈTE

Si. En tout cas, nous disons que celui qui fait cela explique.

SOCRATE

D’un autre côté, c’est une chose que chacun est capable de faire plus ou moins promptement : il peut faire voir ce qu’il pense sur n’importe quel sujet, à moins qu’il ne soit muet ou sourd de naissance, et ainsi l’opinion droite apparaîtra toujours chez ceux où elle se