Oui.
Même les yeux fermés ? Ou bien l’oublie-t-on, dès qu’on les a fermés ?
Il serait étrange, Socrate, de soutenir une telle proposition.
Il le faut pourtant, si nous voulons sauver le système en question ; sinon, c’est fait de lui.
Moi aussi, par Zeus, je m’en doute, mais je ne saisis pas suffisamment pourquoi : explique-le-moi.
Voici : celui qui voit prend, disons-nous, connaissance de ce qu’il voit, car nous sommes convenus que la vision, la sensation et la science sont la même chose.
Parfaitement.
Mais celui qui voit et qui a pris connaissance de ce qu’il a vu, s’il ferme les yeux, se souvient de la chose, mais ne la voit plus. Est-ce bien cela ?
Oui.
Mais dire qu’il ne voit pas, c’est dire qu’il ne sait pas, puisque voir est savoir.
C’est vrai.
Il s’ensuit dès lors que, quand un homme a acquis la connaissance d’une chose et qu’il s’en souvient encore, il ne la sait pas, puisqu’il ne la voit pas, conclusion que nous avons qualifiée de monstrueuse, si elle était vraie.
Très exact.
On aboutit donc, ce semble, à une impossibilité,