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NOTICE


La date du dialogue.

À quelle époque l’entretien est-il censé avoir lieu ? On apprend (541 c) qu’Éphèse est sous le pouvoir civil et militaire d’Athènes. Or la patrie du rhapsode, qui, entrée dans la première confédération maritime, restait encore fidèle à la cause athénienne en 424[1], s’en détacha quelques années plus tard. Avant l’expédition de Sicile, elle tomba, semble-t-il, aux mains du satrape Tissapherne[2], et dès lors prit ouvertement parti contre Athènes. Mais on la voit, en 394, se séparer de Sparte pour conclure avec Rhodes, Samos, Cnide et Iasos, une ligne défensive favorable à Athènes[3] ; puis de nouveau, en 391/390, se rapprocher de Sparte ; en 388/387 elle est à ses côtés[4]. D’après cette première indication, on rapportera la date supposée de l’entretien soit aux années qui ont précédé 415, soit à la période qui va de 394 à 387 ou, plus exactement, à 391.

C’est à cette dernière qu’il faut s’arrêter. Socrate mentionne[5] en effet trois étrangers : Apollodore de Cyzique, Phanosthène d’Andros et Héraclide de Clazomène, qui se sont vu confier par Athènes des commandements militaires et d’autres charges. Le même fait est rapporté d’Apollodore et d’Héraclide par Élien[6], d’Héraclide et de Phanosthène par Athénée[7]. D’ailleurs ces deux écrivains n’ajoutent rien à l’indication de Platon, qu’ils se bornent visiblement à reproduire. Wilamowitz, après Bergk, a d’abord[8] voulu reconnaître dans Apollodore le personnage de ce nom dont parle Pausanias[9], un chef de mercenaires qui avait sa tombe au Céramique. Or, cet Apollodore étant contemporain de Philippe, l’identification, si elle était exacte, démontrerait que l’Ion n’est pas authentique. Mais dans son ouvrage sur Platon, paru en 1920[10], Wilamowitz renonce à ce rapprochement : Pausanias,

  1. Thucydide, IV, 50.
  2. Bürchner dans Pauly-Wissowa, 5², p. 2790.
  3. Cf. Pausanias, VI, 3, 6.
  4. B. Keil, Die Rechnungen über den Epidaurischen Tholosbau (Mitt. des kaiserl. deutsch. arch. Inst. Athen. Abtheil. XX, 1895, p. 76).
  5. 541 cd.
  6. Histoire variée, XIV, 5.
  7. XI, 114.
  8. Aristoteles und Athen, I, p. 188, 4.
  9. I, 29, 7.
  10. Vol. II, p. 33.