Page:Plaute, Térence, Sénèque - Théâtre complet, Nisard.djvu/693

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DE. Je ferais un exemple sur toi.

SY. Pourquoi ? Qu’ai-je fait ?

DE. Ce que tu as fait ? Au milieu des embarras où nous a jetés un attentat infâme, qui n’est qu’à moitié réparé, tu t’es enivré, coquin, tout comme s’il s’agissait d’une belle action.

SY. (à part. ) J’aurais bien dû ne pas sortir.


SCENE II (Dromon, Syrus, Déméa)

DR. (780) Ohé ! Syrus, Ctésiphon te prie de revenir.

SY. Va-t’en.

DE. Que dit-il de Ctésiphon ?

SY. Rien.

DE. Quoi ! maraud, Ctésiphon serait-il chez vous ?

SY. Hé ! non.

DE. Pourquoi donc a-t-il parlé de lui ?

SY. C’est un autre personnage de ce nom, une espèce de parasite subalterne. Vous ne le connaissez pas ?

DE. Je vais savoir…

SY. Que faites-vous ? où allez-vous donc ?

DE. Laisse-moi.

SY. (785) N’entrez pas, vous dis-je.

DE. Me lâcheras-tu, gibier de potence ? Veux-tu que je te casse la tête ?

SY. Le voilà parti. Quel convive incommode, surtout pour Ctésiphon ! Que faire maintenant ? Ma foi, en attendant que tout ce vacarme s’apaise, (790) allons nous cacher dans quelque coin, pour y cuver notre vin : c’est ce qu’il y a de mieux.


SCENE III (Micion, Déméa)

MI. Nous sommes tout prêts, comme je vous l’ai dit, Sostrate ; quand vous voudrez. Mais qui sort si brusquement de chez moi ?

DE. Ah ! malheureux ! que faire ? que devenir ? à qui me plaindre ? à qui adresser mes cris ? ô ciel ! ô terre ! ô mers où règne Neptune !

MI. Bon ! à toi, Ctésiphon. (795) Il a tout appris, c’est là sans doute ce qui le fait tant crier. L’orage approche ; il faut le détourner.

DE. Le voilà ce fléau, ce corrupteur de mes deux fils !

MI. Voyons, calmez-vous, du sang-froid.

DE. Me voici calme et de sang-froid ; faisons trêve d’injures, (800) et raisonnons. Il a été convenu entre nous, c’est vous-même qui l’avez proposé, que vous ne vous mêleriez point de mon fils, ni moi du vôtre ; n’est-ce pas vrai ? dites.

MI. Oui, je n’en disconviens pas.

DE. Alors pourquoi le mien est-il chez vous à boire ? Pourquoi le recevez-vous ? Pourquoi lui achetez-vous une maîtresse, Micion ? (805) N’est-il pas juste que la partie soit égale entre nous ? Puisque je ne me mêle pas du vôtre, ne vous mêlez pas du mien.

MI. Vous avez tort, mon frère.

DE. Tort ?

MI. Oui ; un vieux proverbe dit qu’entre amis tout est commun.

DE. C’est bien joli ! mais vous vous en avisez un peu tard.

MI. (810) Écoutez-moi un peu, de grâce, mon frère. D’abord, si vous êtes mécontent du train que mènent nos enfants, rappelez-vous, je vous prie, que vous les éleviez jadis tous deux selon vos moyens, dans la conviction où vous étiez que votre fortune serait un patrimoine suffisant pour eux, (815) et que je me marierais sans doute. Eh bien ! ne changez rien à vos calculs ; ménagez, amassez, épargnez ; tâchez de leur en laisser le plus que vous pourrez ; faites-vous-en un