Page:Plaute, Térence, Sénèque - Théâtre complet, Nisard.djvu/696

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perdent toute la journée avec leurs préparatifs.

DE. (905) Eh bien, où en est on, Eschine ?

AE. Ah mon père, vous étiez là ?

DE. Ton père ! oui, je le suis par le cœur et par la nature ; car je t’aime plus que mes yeux. Mais pourquoi n’envoies-tu pas chercher ta femme ?

AE. Je ne demande pas mieux. Mais on attend la joueuse de flûte et les chanteuses qui doivent célébrer l’hyménée.

DE. Dis-moi, (910) veux-tu t’en rapporter à un vieux bonhomme ?

AE. Parlez.

DE. Laisse-moi là l’hyménée, les flambeaux, les chanteuses, et tout le bataclan ; fais abattre au plus tôt ce vieux mur qui est dans le jardin ; introduis ta femme par là ; des deux maisons n’en fais qu’une seule, et amène au logis et sa mère et tous ses gens.

AE. Bravo, (915) le plus charmant des pères !

DE. (à part) Bien ; voilà qu’on m’appelle déjà charmant. La maison de mon frère va être ouverte à tout venant ; on sera accablé de monde ; on fera sauter les écus ; et puis…. Que m’importe, après tout ? Me voilà charmant, et l’on m’aime. Allons, Déméa, engage ton satrape de frère à payer les vingt mines. (haut) (920) Eh bien, Syrus, tu ne te bouges pas ? Tu ne vas pas….

SY. Quoi faire ?

DE. Abattre le pan de mur ? (à Géta) Et toi, va les chercher et amène-les.

GE. Que les dieux vous récompensent, Déméa, pour l’empressement sincère avec lequel vous souhaitez tant de bonheur à notre maison !

DE. Je vous en crois dignes. (à Eschine) Qu’en dis-tu ?

AE. C’est mon avis aussi.

GE. Cela vaut cent fois mieux (925) que de faire passer par la rue cette jeune mère qui souffre encore.

AE. En effet, mon père, on n’imagina jamais rien de mieux.

DE. Voilà comme je suis. Mais voici Micion qui sort de chez lui.


SCENE VIII (Micion, Déméa, Eschine)

MI. C’est mon frère qui l’a dit ? Où est-il donc ? Est-il vrai, Déméa, que vous ayez donné cet ordre ?

DE. Oui vraiment ; en cette occasion comme en toute autre, je veux autant que possible (930) ne faire qu’une seule maison de cette famille et de la nôtre, la choyer, la servir, l’attacher à nous.

AE. Oh ! oui, de grâce, mon père !

MI. Je ne demande pas mieux.

DE. Il y a plus, c’est notre devoir. D’abord la femme d’Eschine a une mère…..

MI. Eh ! bien, après ?

DE. Honnête et digne femme…..

MI. On le dit.

DE. Qui n’est plus jeune….

MI. (935) Je le sais.

DE. Et qui depuis longtemps ne peut plus avoir d’enfants. Elle n’a personne pour prendre soin d’elle ; elle est seule.

MI. (à part) Où veut-il en venir ?

DE. Il faut que vous l’épousiez. Et toi (il s’adresse à Eschine), charge-toi de conclure l’affaire.

MI. Que je l’épouse ! moi ?

DE. Vous.

MI. Moi ?

DE. Vous-même, vous dis-je.

MI. Vous perdez la tête.

DE. (à Eschine) Si tu as du cœur, il l’épousera.

AE. Mon père !

MI. Comment ! imbécile, est-ce que tu l’écoutes ?

DE. Vous avez beau faire, (940) il faut en passer par là.