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ACTE IV.



SCÈNE I. — LE PARASITE, UN ESCLAVE.


LE PARASITE. Je suis le parasite d’un vaurien, d’un butor, de ce militaire qui a amené ici sa maîtresse de Samos. Maintenant il m’envoie lui demander si elle veut lui restituer son argent ou s’en retourner avec lui. (A l'esclave.) Toi qui l’as toujours accompagné, tu sais où elle demeure ; frappe à la porte et vite.... Arrière, pendard ! A-t-on jamais vu heurter ainsi ! Tu serais capable de manger un pain de trois pieds de long, et tu ne sais même pas cognera une porte. (Il frappe.) Holà ! n’y a-t-il personne ? Hé ! quelqu’un ! ouvrira-t-on ? ne viendra-t-on pas ?



SCÈNE II. — PISTOCLÈRE, LE PARASITE.


PISTOCLÈRE. Qu’est-ce que cela ? que signifie cette manière de frapper ? As-tu la rage au corps, pour venir livrer un tel assaut à la porte d’autrui ? Il l’a presque enfoncée… Çà, que voulez-vous ?

LE PARASITE. Bonjour, jeune homme.

PISTOCLÈRE. Bonjour ; qui demandez-vous ?

LE PARASITE. Bacchis.

PISTOCLÈRE. Laquelle ?

LE PARASITE. Je ne sais pas, Bacchis. Le militaire Cléomaque m’a chargé de lui dire deux mots ; je viens voir si elle veut lui rendre deux cents philippes d’or, ou sinon partir aujourd’hui même avec lui pour Élatie.

PISTOCLÈRE. Elle n’ira pas ; dites qu’elle n’ira pas ; allez et rendez réponse. Elle en aime un autre que lui ; allons, détalez de notre porte.

LE PARASITE. Vous vous fâchez ?

PISTOCLÈRE. Sais-tu ce que c’est que ma colère ? Par Hercule, la grêle va fondre sur ta chienne de face, car j’ai au bout des bras deux brise-mâchoires qui me démangent joliment.

LE PARASITE, à part. Si je le comprends bien, il me faut prendre garde qu’il ne m’arrache de la mâchoire tous mes brise-noix. (Haut.) Soit donc, je lui rendrai cette réponse, à vos risques et périls.