ERGASILE. Que les dieux et les déesses vous entendent !
HÉGION. Mais, dites-moi, êtes-vous invité à dîner ?
ERGASILE. Non pas, que je sache. Pourquoi cette demande ?
HÉGION. C’est aujourd’hui mon jour de naissance, et je désire que vous veniez diner à la maison.
ERGASILE. Trop aimable.
HÉGION. Mais il faudra vous contenter de peu.
ERGASILE. Ah ! cependant, que ce ne soit pas trop peu : car C’est ainsi que je me régale chez moi tous les jours.
HÉGION. Eh bien, est-ce dit ?
ERGASILE. Tôpe, à moins qu’on ne me fasse une proposition qui convienne mieux à moi et à mes amis. C’est comme si je vendais un fonds de terre ; je me donne, mais je fais mes conditions.
HÉGION. C’est moins un fonds qu’un gouffre sans fond, ce que vous me vendez à moi. Mais si vous venez, que ce soit de bonne heure.
ERGASILE. Dès à présent je suis libre.
HÉGION. C’est bon, allez chasser le lièvre, vous êtes toujours sûr du hérisson. Ma vie, à moi, suit une route rocailleuse.
ERGASILE. Vous ne m’effrayerez pas, Hégion, ne vous en flattez point ; je viendrai, mais avec des dents bien chaussées.
HÉGION. Ma nourriture est rude.
ERGASILE. Mangez-vous par hasard des épines ?
HÉGION. La terre fournit à mes repas.
ERGASILE. Eh ! sur la terre se trouve le sanglier.
HÉGION. Des herbes à foison.
ERGASILE. Gardez-les pour vos malades… Est-ce tout ?
HÉGION. Venez de bonne heure.
ERGASILE. Je n’ai garde de l’oublier. (Il sort.)
HÉGION. Je veux rentrer, et compter ce qui peut me rester d’argent chez mon banquier. Tout à l’heure, j’irai voir mon frère, comme j’ai dit. (Il sort.)
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ACTE II.
SCÈNE I. — LE CORRECTEUR, PHILOCRATE, TYNDARE, AUTRES ESCLAVES D’HÉGION.
LE CORRECTEUR. Puisque les dieux immortels ont voulu vous soumettre à cette épreuve, il faut la supporter avec patience :