Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/245

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HÉGION. Si vous m avez dit la vérité, vous trouverez table mise pour le restant de vos jours.

ERGASILE. Où cela ?

HÉGION. Chez mon fils et chez moi.

ERGASILE. Vous le promettez ?

HÉGION. Je le promets.

ERGASILE. Et moi, je réponds que votre fils est arrivé.

HÉGION. Faites les choses pour le mieux.

ERGASILE. Bon aller et bon retour.


SCÈNE III. — ERGASILE.


Le voilà parti, et il me confie le soin de sa subsistance. Dieux immortels ! que de têtes vont sauter ! Quelle ruine pour les jambons ! quel désastre pour le lard ! quelle débâcle pour les tétines ! quel fléau pour les échines de sanglier ! quelle fatigue pour les bouchers et les charcutiers ! car si je voulais énumérer tous les harnais de gueule, je n’en finirais pas. Allons, je me rends dans ma province, je vais faire le procès au lard et porter secours à ces pauvres jambons que l’on a pendus sans jugement.


SCÈNE IV. — UN ESCLAVE D’HÉGION.


Que Jupiter et les dieux te confondent, Ergasile, toi et ton ventre, et tous les parasites, et quiconque désormais s’avisera de leur donner à manger ! Quel désordre, quelle confusion, quel ravage dans toute la maison ! C’est un loup affamé ; je craignais de le voir se jeter sur moi. Et, par Hercule ! j’avais bien lieu de trembler, tant il grinçait des dents. Il entre et bouleverse tout dans le garde-manger ; il saisit un grand couteau, et coupe les riz de trois porcs. Il brise les marmites, les vases, n’épargne que ceux qui tiennent un boisseau. Il demande au cuisinier si les jarres pourront aller au feu. Il enfonce les celliers, ouvre le buffet à l’argenterie. Ayez l’œil sur lui, camarades, moi je vais chercher le bonhomme. Je lui dirai de faire de nouvelles promesses, s'il veut avoir de quoi manger ; car, du train dont on y va, il ne reste ou ne restera bientôt plus rien.


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