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Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/253

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NOTICE SUR CASINA.

Si l’on n’a pas lu Casina, on ne saurait se faire une idée de la licence que comportait le théâtre des Romains. Dans cette pièce, Plaute est le rival d’Aristophane, dont il égale presque les tableaux les plus licencieux, sans s’élever cependant, ou plutôt sans s’abaisser jusqu’à la verve impudente de Lysistrate. Le dénoûment de Casina est sans aucun doute moral et honnête ; mais avant d’y arriver on risque plus d’une fois de se boucher les oreilles et de détourner les yeux.

Un vieillard, amoureux d’une servante de sa femme, veut la faire épouser à son fermier, et promet à ce dernier de l’affranchir s’il lui cède la première nuit ; le fils, amoureux de cette même servante, veut la donner aux mêmes conditions à son écuyer. Les deux esclaves se disputent Casina avec acharnement, et ni l’un ni l’autre ne paraît éprouver aucun scrupule du marché honteux qu’il a conclu. Le fermier l’emporte ; l’autre s’entend, pour se venger, avec la femme du vieillard, et à la nouvelle épousée on substitue pour la nuit un garçon vigoureux, qui bat à outrance le nouveau marié et le vieux libertin. Le fermier s’élance éperdu et presque nu sur la scène, roué de coups, bafoué, honteux, et raconte sa mésaventure dans des termes tels que le manuscrit a été mutilé et lacéré en cet endroit d’une façon presque complète ; le peu qui reste suffit cependant pour nous faire juger du ton du récit. Le vieillard, qu’on s’est bien gardé d’avertir, se présente à son tour au lit de