ACTE IV.
Non, non, ni à Némée, ni à Olympie, nulle part enfin on ne peut voir des jeux aussi amusants que les tours qui se jouent là dedans à notre bonhomme et à notre fermier Olympion. Chacun se trémousse à la maison ; le vieux braille à la cuisine et presse les marmitons : « Çà, crie-t-il, finirez-vous aujourd’hui ? que ne servez-vous, si vous avez quelque chose ? Hâtez-vous ; le diner devrait être prêt déjà. » Quant au fermier, avec sa couronne sur la tête et ses habits blancs, il se promène de long en large, aussi fier qu’un grand seigneur. Dans la chambre à coucher, les femmes parent notre écuyer, qu’elles veulent donner au rustre à la place de Casina. Et elles sont assez fines pour ne laisser rien deviner de ce qu’elles apprêtent ; les cuisiniers s’entendent à ravir pour que le barbon n’ait rien à souper. Ils remuent les casseroles, jettent de l’eau sur le feu. Ce sont les ordres de nos maîtresses ; elles projettent de mettre à la porte le vieillard, sans souper, afin de se remplir la panse tête à tète. Je les connais; ce sont deux fameuses luronnes, capables de dévorer la charge d’un bateau. Mais la porte s’ouvre.
STALINON, tourné vers la maison. Si vous faites bien, femme, vous souperez toujours, dès que ce sera prêt : moi je mangerai un morceau à la campagne. Je veux accompagner le nouvel époux et la jeune mariée, car je connais nos méchants drôles, et l'on pourrait bien enlever Casina. Régalez-vous comme il faut. Seulement, dépêchez-vous de les renvoyer tous les deux, que nous arrivions encore de jour. Je reviendrai demain, et demain je ferai aussi mon repas.
PARDALISQUE, à part. Tout se passe comme j’avais dit : nos commères mettent le vieux dehors, ventre vide.
STALINON. Que fais-tu là ?
PARDALISQUE. Je vais où ma maîtresse m’envoie.
STALINON. En vérité ?
PARDALISQUE. Tout de bon.