STALINON. Reste, te dis-je.
OLYMPION. Qu’est-ce donc ? quel homme !
STALINON. Je suis ton maître.
OLYMPION. Quel maître ?
STALINON. Celui dont tu es l'esclave.
OLYMPION. Moi, esclave ?
STALINON. Oui, et de moi encore.
OLYMPION. Je ne suis pas libre ? Prenez garde, prenez garde.
STALINON. Reste, tiens-toi là.
OLYMPION. Laissez-moi.
STALINON. Je suis ton esclave.
OLYMPION. À la bonne heure.
STALINON. Je t’en supplie, mon petit Olympion, mon père, mon patron.
OLYMPION. Eh! cela n’est pas tant sot.
STALINON. Je suis à toi.
OLYMPION. Oh! que ferais-je d’un si méchant serviteur ?
STALINON. Eh bien ! ne vas-tu pas me rendre la vie ?
OLYMPION. Quand le dîner sera cuit.
STALINON. Qu’ils entrent donc.
OLYMPION. Vite, entrez, et qu’on se mette vivement à la besogne.
STALINON. Je viendrai dans un moment. Préparez-moi un repas à tourner les têtes ; je veux faire grande chère et délicate; fi des coutumes barbares[1] ! Toi, va aussi avec eux, moi je reste ici.
OLYMPION. Et quelle raison de rester en arrière ?
STALINON. Ma servante vient de me dire que Casina est à la maison, l’épée à la main, pour nous recevoir tous les deux.
OLYMPION. Je le sais ; la belle affaire ! c’est pure plaisanterie : ce n’est pas d’aujourd’hui que je connais ces méchantes coquines. Allons, venez à la maison avec moi.
STALINON. Je crains quelque malheur. Va plutôt, toi, et vois d’abord ce qui se passe là dedans.
OLYMPION. Je tiens autant à ma peau que vous à la vôtre.
STALINON. Va toujours.
OLYMPION. Puisque vous le commandez, on entrera, mais avec vous. (Ils entrent dans la maison.)
- ↑ Les barbares sont ici les Romaine, beaucoup plus sobres que les Grecs.