PALINURE, pendant que Phédrome le bât. À moi, Vénus, déesse des nuits !
PHÉDROME. Encore, coquin ?
PLANÉSIE. Je t’en prie, ne frappe pas sur cette pierre, tu vas te blesser la main.
PALINURE. Ah ! Phédrome, quelle honte, quel déshonneur pour vous ! vous accablez de coups de poing un sage conseiller, et vous aimez une fillette de rien ! Pouvez-vous bien tenir une conduite si déréglée ?
PHÉDROME. Montre-moi un amoureux qui soit maître de lui, et je te le payerai son pesant d’or.
PALINURE. Et moi, donnez-moi un maître qui ait le sens commun, et je vous le payerai son pesant de clinquant.
PLANÉSIE. Adieu, mon cher amour, car j’entends le bruit des gonds ; le gardien ouvre le temple. Ah ! dis-moi, avons-nous longtemps encore à ne goûter qu’en cachette les douceurs de l’amour ?
PHÉDROME. Non ; voilà trois jours que j’ai envoyé mon parasite en Carie pour chercher de l’argent : il sera de retour aujourd’hui.
PLANÉSIE. Tu es trop long à prendre ton parti.
PHÉDROME. Que Vénus me protège, aussi vrai que je ne te laisserai pas plus de trois jours dans cette maison sans te rendre la liberté.
PLANÉSIE. Souviens-toi de ta promesse. Tiens, avant que je m’éloigne, encore un baiser.
PHÉDROME. Sur mon âme, on m’offrirait une couronne que je ne renoncerais pas à toi. Quand te verrai-je ?
PLANÉSIE. Oh ! pour cela, il faut m’affranchir. Si tu m’aimes, achète-moi. Ne demande pas quand tu me verras, mais tâche d’être le plus offrant. Adieu.
PHÉDROME. Elle me quitte déjà ? Ah ! Palinure, je succombe.
PALINURE. Et moi je meurs de coups et de sommeil.
PHÉDROME. Suis-moi.
ACTE II.
CAPPADOX, sortant du temple. Oui, c’est décidé, je déloge de ce temple ; je vois bien qu’Esculape se soucie fort peu de moi et