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Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/338

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c’est justement ce que je cherche. (À son esclave.) Suis-moi. Je feindrai de ne pas le connaître (A Lycon.) Hé ! l’homme !

LYCON. Salut, mon borgne.

CHARANÇON. Vous moquez-vous de moi ?

LYCON. Je vous croyais de l’illustre souche des Coclès, car ils n’ont qu’un œil.

CHARANÇON. C’est un coup de catapulte que j’ai reçu à Sicyone.

LYCON. Eh ! je me soucie bien que ce soit cela, ou qu’on vous ait crevé l’œil en vous cassant sur la tête un pot plein de cendres !

CHARANÇON, à part. C’est un devin, il a dit vrai. Ces sortes de catapultes m’atteignent assez souvent. (Haut.) Mon brave, c’est au service de la patrie que j’ai reçu cette marque glorieuse ; prenez garde à ne pas m’outrager.

LYCON. S’il est défendu de vous outrager, ne peut-on du moins se frotter à vous ?

CHARANÇON. Non, pas même cela : je n’ai de goût ni pour vos frottements ni pour vos outrages. Mais si pouvez m’enseigner la personne à qui j’ai affaire, je vous en aurai la plus grande et la plus sincère obligation. Je cherche le banquier Lycon.

LYCON. Et dites-moi, pourquoi le cherchez-vous ? de quelle part ?

CHARANÇON. Voici. C’est de la part du militaire Thérapontigone Platagidore.

LYCON. Parbleu, je connais ce nom ; quand il me faut l’écrire, il me remplit quatre pages. Mais que voulez-vous à Lycon ?

CHARANÇON. Je suis chargé de lui remettre ces tablettes.

LYCON. Qui êtes-vous ?

CHARANÇON. Son affranchi ; on me nomme La Rafle.

LYCON. Salut donc, La Rafle. Mais d’où vient ce nom, dites-moi ?

CHARANÇON. Quand je trouve un ivrogne endormi, je fais rafle de ses habits : voilà pourquoi on me nomme La Rafle.

LYCON. Vous ferez bien de chercher gite ailleurs ; il n’y a pas place chez moi pour La Rafle. Je suis celui que vous demandez.

CHARANÇON. Vous êtes le banquier Lycon ?

LYCON. Moi-même.

CHARANÇON. Thérapontigone m’a commandé de vous faire bien des compliments et de vous remettre cette lettre.