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Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/62

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AMPHITRYON. Qu’il ait couru comme un lièvre ou rampé comme une tortue, je veux le faire périr, le scélérat ! (Il bat Sosie.) Tiens, voilà pour la terrasse ! Voilà pour les tuiles ! Voilà, pour la porte fermée ! Voilà pour t’être moqué de ton maître ! Voilà pour tes impertinences !

BLÉPHARON. Mais enfin que vous a-t-il fait ?

AMPHITRYON. Vous le demandez ! il m’a fermé la porte, et du haut de cette terrasse il m’a empêché d’entrer à la maison.

SOSIE. Moi ?

AMPHITRYON. Toi. Et de quoi me menaçais-tu, si je heurtais ? Nieras-tu, bélitre ?

SOSIE. Certes, je nie. Mais voilà un bon témoin, Blépharon, avec qui je suis venu. Vous m’avez envoyé tout exprès pour l’inviter et le ramener.

AMPHITRYON. Qui est-ce qui t’a envoyé, coquin ?

SOSIE. Celui qui me le demande.

AMPHITRYON. Et quand cela ?

SOSIE. Tantôt, il y a un bon moment, quand vous vous êtes raccommodé avec votre femme.

AMPHITRYON. Bacchus t’a troublé la cervelle.

SOSIE. Puissé-je ne rencontrer aujourd’hui ni Bacchus ni Cérès ! Vous aviez ordonné de préparer les vases pour le sacrifice, et vous m’avez envoyé chercher Biépharon pour dîner avec vous.

AMPHITRYON. Que je meure, Blépharon, si je suis entré ici aujourd’hui, ou si j’ai envoyé ce fripon. (À Sosie.) Parle, où m’as-tu laissé ?

SOSIE. Au logis, avec Alcmène votre femme. En vous quittant, je vole au port, j’invite Blépharon de votre part. Nous arrivons, et je ne vous avais pas vu depuis.

AMPHITRYON. Avec ma femme, scélérat ! Ah ! comme je vais t’étriller !

SOSIE. Blépharon !

BLÉPHARON. Amphitryon, pour me faire plaisir, lâchez-le, et écoutez-moi.

AMPHITRYON. Eh bien, je le lâche et je vous écoute.

BLÉPHARON. Il m’a parlé tout à l’heure d’étranges prodiges. Peut-être un enchanteur, un magicien, a-t-il jeté un sort sur toute votre maison : informez-vous, voyez ce qu’il en est, et ne maltraitez pas ce pauvre garçon avant d’avoir éclairci la chose.

AMPHITRYON. Vous avez raison. Allons, vous me sertirez de témoin contre ma femme.