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Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/86

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LÉONIDAS. Je consentirais à être esclave jusqu’à la fin de mes jours, si je pouvais mettre tout de suite la main sur Liban.

LIBAN, à part. Si tu comptes sur moi pour être libre, tu cours grand risque d’attendre.

LÉONIDAS. S’il laisse échapper l’occasion que voici, il ne la rattrapera jamais, quand même il la poursuivrait sur l’aile des vents ; il laissera son maître dans la nasse, et doublera l’arrogance de nos ennemis. Tandis que s’il s’empresse, comme moi, de saisir l’occasion au passage, il donnera à ses maîtres le plus riche, le plus joyeux triomphe, et le père et le fils, enchaînés à nous par un tel bienfait, nous en auront une éternelle reconnaissance.

LIBAN, à part. Que dit-il là de gens enchaînés ? Cela n’annonce rien de bon, et je crains bien qu’il n’ait joué quelque tour dont nous partagerons le bénéfice.

LÉONIDAS. Je suis perdu, si je ne trouve Liban à l’instant même ; mais où s’est-il fourré ?

LIBAN, à part. Le galant cherche un compagnon pour l’associer à sa mésaventure. Ce n’est pas là mon affaire. C’est mauvais signe de suer et de frissonner tout à la fois.

LÉONIDAS. Mais la chose presse, et je m’arrête ici à bavarder ! Allons, tais-toi, ma langue, et ne perds pas le temps en vains propos.

LIBAN, à part. Le malheureux ! il veut faire violence à sa protectrice. Quand il a fait quelque méchant trait, elle ne lui marchande pourtant pas le parjure.

LÉONIDAS. Hâtons-nous de trouver de l’aide, il ne serait plus temps d’enlever le butin.

LIBAN, à part. Oh ! oh ! du butin ! abordons notre homme, et tirons pied ou aile. (Haut.) Bonjour ; je te salue de toute la force de mes poumons.

LÉONIDAS. Salut, grenier à coups de fouet !

LIBAN. Comment vas-tu, pilier de cachot ?

LÉONIDAS. Habitué de prison !

LIBAN. Délices des verges !

LÉONIDAS. Combien penses-tu peser tout nu ?

LIBAN. Eh ! que sais-je ?

LÉONIDAS. Je savais bien que tu ne t’en doutais pas ; mais moi, je t’ai pesé, et je le sais. Nu et garrotté, et pendu par les pieds, tu pèses cent livres.

LIBAN. Comment cela ?

LÉONIDAS. Comment ? je vais te le dire. Quand on t’a attaché