Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/89

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verges, si Argyrippe n’avait vingt mines aujourd’hui même. Il veut que nous trompions ou le maître d’hôtel ou sa femme. Il promet même de nous aider. Va donc le chercher sur la place, et dis-lui ce que nous projetons, que Léonidas se changera en Sauréa pour recevoir le prix des ânes.

LÉONIDAS. J’obéis.

LIBAN. Moi, pendant ce temps, je tiendrai l’étranger le bec dans l’eau, s’il arrive le premier.

LÉONIDAS. Dis-moi.

LIBAN. Qu’est-ce ?

LÉONIDAS. Si tout à l’heure, quand je ferai mon personnage, je t’applique un bon soufflet sur la mâchoire, ne va pas te fâcher au moins.

LIBAN. Par Hercule, garde-toi bien de me toucher ; car si cela t’arrive, tu n’auras pas à te féliciter de ton changement de nom.

LÉONIDAS. Je t’en prie, laisse-toi faire de bonne grâce.

LIBAN. Et toi aussi, quand je te rendrai tes gourmades.

LÉONIDAS. Ce que j’en dis est pour le bien.

LIBAN. Et moi ce que j’en dis et ce que j’en ferai, c’est tout un.

LÉONIDAS. Ne t’y refuse pas.

LIBAN. Sois tranquille, je te promets même de n’être pas en reste.

LÉONIDAS. Allons, je m’en vais, je vois que tu seras bon enfant. Mais qui vient là ? Ah ! c’est lui, lui-même. Je suis de retour à l’instant ; amuse-le. Je vais prévenir le bonhomme.

LIBAN. À l’œuvre donc, et joue des jambes.

SCÈNE III. — LE MARCHAND, LIBAN.

LE MARCHAND. D’après les renseignements que l’on m’a donnés, ce doit être ici que demeure Déménète. (À son esclave.) Va, mon garçon, frappe et appelle l’intendant Sauréa, s’il est à la maison.

LIBAN. Qui heurte si brutalement à notre porte ? Hé, l’ami, m’entendez-vous ?

LE MARCHAND. On n’a pas encore heurté ; êtes-vous fou ?

LIBAN. Je le croyais, parce que vous alliez de ce côté-là. Je ne veux pas qu’on frappe les camarades ; toute la maison me tient fort au cœur.

LE MARCHAND. Il n’y a pas de danger qu’on arrache les gonds, si c’est ainsi que vous recevez ceux qui viennent.