Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/90

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LIBAN. Notre porte est si bien apprise qu’elle appelle le portier, du plus loin qu’elle voit venir quelque donneur de coups. Mais qui vous amène ? que cherchez-vous ?

LE MARCHAND. Je demandais Déménète.

LIBAN. S’il était à la maison, je vous le dirais.

LE MARCHAND. Et son intendant ?

LIBAN. Il n’y est pas non plus.

LE MARCHAND. Où est-il ?

LIBAN. Il a dit qu’il allait chez le barbier.

LE MARCHAND. Et depuis, il n’est pas revenu ?

LIBAN. Non. Que lui voulez-vous ?

LE MARCHAND. S’il s’était trouvé là, je lui aurais compté vingt mines.

LIBAN. Pourquoi ?

LE MARCHAND. Il a vendu des ânes au marché à un homme de Pella.

LIBAN. Je sais. Vous apportez l’argent ? Je crois qu’il sera ici dans un moment.

LE MARCHAND. Quelle figure a-t-il, votre Sauréa ? Je verrai bien vite si c’est lui.

LIBAN. Joues maigres, cheveux roux, panse un peu rebondie, regard dur, taille moyenne, front mélancolique.

LE MARCHAND. Un peintre ne ferait pas mieux son portrait. Mais, par ma foi, je l’aperçois ; il vient de ce côté en branlant la tête.

LIBAN. S’il est en colère, gare les coups à qui l’approchera.

LE MARCHAND. Par Hercule, qu’il vienne s’il veut aussi bouffi de menaces et de courroux que le descendant d’Éaque[1]. S’il me touche dans sa colère, dans sa colère il sera battu.

SCÈNE IV. — LÉONIDAS, LE MARCHAND, LIBAN.

LÉONIDAS, se parlant à lui-même. Que signifie cela ? Comment ! personne ne tient compte de ce que j’ai dit ! J’avais ordonné à Liban de venir chez le barbier, il s’en est bien gardé ! Par Pollux, il n’a guère souci de son dos et de ses jambes.

LE MARCHAND, à part. Que de morgue !

LIBAN. Triste journée pour moi !

LÉONIDAS. Salut à Liban l’affranchi ! te voilà donc devenu libre ?

  1. Achille.