Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/107

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MILPHIDIPPE. Pourquoi ?

ACROTÉLEUTIE. Pour m’empêcher de tomber.

MILPHIDIPPE. Qu’est-ce donc ?

ACROTÉLEUTIE. Je ne puis me tenir ; mes yeux me font défaillir le cœur.

MILPHIDIPPE. Par Pollux, vous avez aperçu le militaire.

ACROTÉLEUTIE. Oui.

MILPHIDIPPE. Je ne vois pas où il est.

ACROTÉLEUTIE. Tu le verrais, certes, si tu aimais.

MILPHIDIPPE. Vous ne l’aimez pas plus que je ne l’aime moi-même, avec votre permission.

PALESTRION. Toutes les femmes en tiennent pour vous dès qu’elles vous voient.

PYRGOPOLINICE. Je ne sais si je te l’ai déjà dit, mais je suis le petit-fils de Vénus.

ACROTÉLEUTIE. Chère Milphidippe, aborde-le, je te prie, parle-lui.

PYRGOPOLINICE. Quel respect pour moi !

PALESTRION. Elle s’avance vers nous.

MILPHIDIPPE. J’ai à vous parler.

PYRGOPOLINICE. Et nous à vous.

MILPHIDIPPE. Selon vos ordres, j’ai amené ici ma maîtresse.

PYRGOPOLINICE. Je la vois.

MILPHIDIPPE. Engagez-la donc à s’approcher.

PYRGOPOLINICE. J’ai pris sur moi, à votre prière, de ne pas la détester comme les autres femmes.

MILPHIDIPPE. Cependant, par Hercule, si elle vient près de vous, elle sera hors d’état de souffler mot. Quand elle vous regarde, ses yeux lui coupent la langue.

PYRGOPOLINICE. Je vois qu’il faut adoucir son mal.

MILPHIDIPPE. Comme elle tremble, comme elle est interdite à votre aspect !

PYRGOPOLINICE. C’est ce qui arrive aussi à des guerriers en armes ; il n’est pas étonnant que chez une femme cela soit plus fort. Mais que veut-elle que je fasse ?

MILPHIDIPPE. Que vous alliez chez elle ; elle veut vivre avec vous, passer son existence à vos côtés.

PYRGOPOLINICE. Moi, chez une femme mariée ! Un mari est à craindre.

MILPHIDIPPE. Elle l’a chassé à cause de vous.

PYRGOPOLINICE. Quoi ! comment l’a-t-elle pu faire ?

MILPHIDIPPE. Cette maison fait partie de sa dot.