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Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/161

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TRANION. Non.

THEUROPIDE. Ne t’assois pas sur l’autel, entends-tu ?

TRANION. Pourquoi ?

THEUROPIDE. Tu vas le savoir. Je désire vivement au contraire qu’ils se réfugient ici ; laisse-les. Je le ferai plus facilement condamner à des dommages-intérêts.

TRANION. Poursuivez votre affaire ; à quoi bon susciter des embarras ? Vous ne savez pas combien c’est une chose délicate que d’aller devant le juge.

THEUROPIDE. Lève-toi et viens ici ; je veux te consulter.

TRANION. Je vous conseillerai d’où je suis ; mes idées sont bien plus nettes quand je suis assis. D’ailleurs les conseils ont plus de poids lorsqu’ils partent d’un lieu sacré.

THEUROPIDE. Allons, debout, pas de plaisanterie. Regarde-moi en face.

TRANION. C’est fait.

THEUROPIDE. Tu me vois ?

TRANION. Oui. S’il survenait un tiers, il mourrait de faim.

THEUROPIDE. Comment cela ?

TRANION. Parce qu’il n’aurait rien à gagner : nous sommes, ma foi, bien malins tous les deux.

THEUROPIDE. Malheur à moi !

TRANION. Qu’avez-vous ?

THEUROPIDE. Tu m’as trompé !

TRANION. Comment cela ?

THEUROPIDE. Tu m’as mouché comme il faut.

TRANION. Voyez bien ; m’y suis-je pris en maître ? le nez coule-t-il encore ? THEUROPIDE. Eh ! tu y as été d’une force à m’extraire toute la cervelle. Je connais à fond vos méfaits ; quand je dis à fond, non, c’est un gouffre. Mais tu ne le porteras pas dans l’autre monde. Je te ferai entourer, coquin, d’un cercle de feu et de sarment.

TRANION. Gardez-vous-en bien : je suis plus délicat bouilli que rôti.

THEUROPIDE. Je ferai de toi un exemple.

TRANION. Je vous plais donc, que vous voulez prendre exemple de moi ?

THEUROPIDE. Parle. Quand je suis parti, dans quel état t’ai-je laissé mon fils ?

TRANION. Avec ses pieds, ses mains, ses doigts, ses oreilles, tes yeux, ses lèvres.