THEUROPIDE. C’est autre chose que je te demande.
TRANION. C’est donc autre chose que je vous réponds. Mais voici venir l’ami de votre fils, Callidamàte ; expliquez-vous avec moi en sa présence sur ce que vous voulez.
CALLIDAMATE. Quand j’ai eu dormi mon soûl et cuvé mon vin, Philolachès m’apprend que son père est de retour de son voyage, et comment à son arrivée l’esclave s’est joué de lui : il craint donc d’affronter son abord. Entre tous ses amis, il m’a choisi comme ambassadeur pour faire sa paix avec le vieillard : justement le voici. Salut, Theuropide, je suis heureux de vous voir revenu en bonne santé. Vous souperez aujourd’hui chez nous, n’est-ce pas ?
THEUROPIDE. Callidamate, que les dieux vous protègent ! Quant au souper, merci.
CALLIDAMATE. Pourquoi ne voulez-vous pas ?
TRANION, à Theuropide. Acceptez ; j’irai à votre place, si le cœur ne vous en dit pas.
THEUROPIDE. Coquin, tu railles encore ?
TRANION. Parce que je veux aller souper pour vous ?
THEUROPIDE. Non, tu n’iras pas ; mais je te ferai porter au gibet, selon tes mérites.
CALLIDAMATE. Non, laissez cela et venez souper à la maison.
TRANION. Faites que vous irez : vous vous taisez ?
CALLIDAMATE. Mais toi, nigaud, pourquoi t’es-tu réfugié sur cet autel ?
TRANION. Il m’a fait une belle peur dès son arrivée. (À Theuropide.) Dites maintenant ce crue j’ai fait : voici un arbitre, allons, partez.
THEUROPIDE. Je dis que tu as corrompu mon fils.
TRANION. Écoutez un peu. J’avoue qu’il a mal fait, qu’en votre absence il a affranchi sa maîtresse, qu’il a emprunté de l’argent, et je conviens qu’il l’a dépensé. Mais cni’a-t-il fait là que ne fassent les fils des plus grandes familles ?
THEUROPIDE. Par Hercule, avec toi je n’ai qu’à bien me tenir : voilà un habile orateur.
CALLIDAMATE, à Theuropide. Laissez-moi juger cela. (À Tranion.) Lève-toi, que je prenne séance où tu es.
THEUROPIDE. Volontiers ; évoquez le procès.