Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/176

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SATURION. Me connaître ! oh ! celui-là seul qui me garnit la panse.

TOXILE. Sans doute. Tu peux ainsi me procurer de l’argent.

SATURION. Je le souhaite, ma foi.

TOXILE. Laisse-moi donc la vendre.

SATURION. La vendre ?

TOXILE. Pas moi, mais je la ferai vendre par quelqu’un qui se donnera pour un étranger. Il n’y a pas six mois que le marchand est venu de Mégare s’établir ici.

SATURION. Nos restes se gâtent. Nous pourrons arranger cela plus tard.

TOXILE. Écoute-moi bien. Je ne veux pas te tromper, mais tu ne casseras pas une croûte ici avant de m’avoir promis de faire ce que je te demande. Et si tu n’amènes au plus tôt ta fille avec toi, je te chasse de ma compagnie. Eh bien, voyons, que feras-tu ? parle.

SATURION. Eh ma foi, vendez-moi aussi, si telle est votre fantaisie, pourvu que ce soit le ventre plein.

TOXILE. Si tu es décidé, agis.

SATURION. J’en passerai par ce que vous voulez.

TOXILE. Tu as raison ; hâte-toi, retourne à la maison, fais bien la leçon à ta fille, apprends-lui adroitement ce qu’elle aura à dire, où elle est née, quels sont ses parents, où elle a été élevée ; surtout qu’elle est venue au monde loin d’Athènes ; et qu’elle pleure en racontant son histoire.

SATURION. Assez ; elle est trois fois plus maligne que vous ne désirez.

TOXILE. Voilà une bonne parole. Mais sais-tu ce qu’il faut faire ? Prends une tunique et une ceinture, apporte une chlamyde et un bonnet pour habiller celui qui la vendra au marchand.

SATURION. Parfait.

TOXILE. Il aura l’air de n’être pas d’ici.

SATURION. Bravo !

TOXILE. Et toi, amène ta fille bien parée, mais à la mode étrangère.

SATURION. Où trouver les costumes ?

TOXILE. Emprunte-les au directeur. Il doit les donner ; il a passé marché avec les édiles pour la fourniture.

SATURION. Tout sera ici dans un moment ; mais moi, je ne sais rien de l’affaire ?

TOXILE. Rien du tout ; dès que je tiendrai l’argent, tu viendras la réclamer au marchand bien vite.