Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/204

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DORDALE. Vous vous moquez tous de moi, je le vois.

TOXILE. Veux-tu, Pegnion, que je te donne un galant d’espèce nouvelle ? Allons, prends tes ébats comme’ tu sais si bien faire ; tu as carte blanche… Peste ! quelle démarche fière et élégante !

PEGNION. L’élégance est mon fait, et je veux bafouer ce vil marchand selon ses mérites.

TOXILE. Continue, tu as bien commencé.

PEGNION. Tiens, marchand d’esclaves.

DORDALE. Aie, aie ! quel horion !

PEGNION. Tiens, attrape encore.

DORDALE. C’est bon, fais l’insolent à ton aise, tandis que ton maître n’y est pas.

PEGNION. Vois-tu comme je t’écoute ! Pourquoi n’es-tu pas obéissant à ton tour, et ne fais-tu pas ce que je te dis ?

DORDALE. Quoi donc ?

PEGNION. Prends une bonne grosse corde et pends-toi.

DORDALE. Ne me touche pas, ou je t’allonge un bon coup de cette trique.

PEGNION. Va, je te le permets.

TOXILE. Çà, Pegnion, laisse-le reprendre haleine.

DORDALE. Par Pollux, je vous exterminerai tous.

PEGNION. Et toi, gare à celui qui demeure au-dessus de nous, qui t’en veut et qui te le fera sentir. Ce n’est pas eux qui le disent, c’est moi.

TOXILE. Allons, fais circuler le vin, verse à pleine coupe. Voilà longtemps que nous n’avons bu, trop longtemps que nous avons le gosier sec.

DORDALE. Fassent les dieux que ce que vous buvez ne passe pas !

PEGNION. Je n’y tiens pas, marchand ; il faut que je te danse au moins la vieille danse d’Hégéas : regarde, je te prie.

SAGARISTION. Et moi, je veux aussi t’exécuter le pas de Diodore d’Ionie.

DORDALE. Il va vous en cuire, si vous ne vous éloignez.

SAGARISTION. Tu oses souffler, effronté ? Si tu me fâches, je vais te ramener le Persan.

DORDALE. Je me tais, ma foi. C’est toi qui es le Persan, toi qui m’as tondu à vif.

TOXILE. Tais-toi, imbécile : c’est son frère jumeau.

DORDALE. Lui ?

TOXILE. Oui, et très-jumeau.