AGORASTOCLÈS, montrant Adelphasie. Mais je l’aime.
MILPHION. Et moi, j’aime le boire et le manger.
ADELPHASIE, à Antérastile. Dis-moi.
ANTÉRASTILE. Qu’est-ce ?
ADELPHASIE. Vois, mes yeux, qui étaient si barbouillés, sont-ils assez nets à présent ?
ANTÉRASTILE. Il y a encore quelque chose à cet œil-ci.
ADELPHASIE. Eh bien, passes-y la main.
AGORASTOCLÈS, à Milphiun qui fait la mine de s’avancer. Comment, tu irais lui toucher, lui frotter les yeux avec tes mains crasseuses !
ANTÉRASTILE. Nous avons été trop paresseuses aujourd’hui.
ADELPHASIE. Comment cela ?
ANTÉRASTILE. Nous aurions dû aller au temple de Vénus il y a longtemps, avant le jour, pour porter les premières le feu sur l’autel.
ADELPHASIE. Ce n’était pas nécessaire. Bon pour les figures de chouette d’aller vilement sacrifier la nuit ; elles font leurs offrandes avant que Vénus soit éveillée ; car elles sont si laides, ma foi, que si la déesse avait les yeux ouverts, elles seraient dans le cas de la chasser de son temple.
AGORASTOCLÈS. Milphion !
MILPHION. Oh le malheureux Milphion ! Que me voulez-vous ?
AGORASTOCLÈS. Dis-moi, ses paroles ne sont-elles pas tout miel ?
MILPHION. Si fait, ce ne sont que meringues, sésame, pavot, fine farine et amandes grillées.
AGORASTOCLÈS. Te semble-t-il que je sois épris ?
MILPHION. Oui, de la ruine, ce qui ne plaît guère à Mercure.
AGORASTOCLÈS. Mais enfin un amant ne doit jamais tenir au gain.
ANTÉRASTILE. Allons, ma sœur.
ADELPHASIE. Soit, prenons par ici.
ANTÉRASTILE. Je te suis.
AGORASTOCLÈS. Elles s’en vont : si nous les abordions ?
MILPHION. Abordez.
AGORASTOCLÈS, à Adelphasie. A la première le premier salut ; (à Antératile) à la seconde le salut du second numéro ; (à la suivante) à la troisième le salut de la dernière qualité.
LA SUIVANTE. Alors, ma foi, j’ai perdu ma peine et mon temps.
AGORASTOCLÈS, à Adelphasie. Où allez-vous ?
ADELPHASIE. Moi ? au temple de Vénus.