Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/278

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fête ! reviens, regarde-nous. Tu as beau être pressé, demeure : on veut te parler.

BALLION. Qu’est-ce donc ? quel est l’importun qui veut m’arrêter quand je suis si pressé ?

CALIDORE. Un homme qui fut ton bienfaiteur.

BALLION. Celui qui fut n’est plus ; celui qui est, est.

PSEUDOLUS. Tu es bien fier.

BALLION. Et toi bien ennuyeux.

CALIDORE. Retiens-le, rattrape-le.

BALLION, à son esclave. Va, bambin.

PSEUDOLUS. Barrons-lui le passage.

BALLION. Jupiter te confonde, qui que tu sois.

PSEUDOLUS. Toi.

BALLION. Vous deux. (A son esclave.) Tourne par ici, mon garçon.

PSEUDOLUS. On ne peut donc te dire un mot ?

BALLION. Je n’en ai pas envie.

CALIDORE. Mais si c’est dans ton intérêt ?

BALLION. Ah çà, dis-moi, me laisseras-tu ou non suivre mon chemin ?

PSEUDOLUS. Hé ! arrête.

BALLION. Lâche-moi.

CALIDORE. Écoute, Ballion.

BALLION. Je suis sourd ; vos paroles ne sont que viande creuse, j’en réponds.

CALIDORE. Je t’ai donné tant que j’ai eu.

BALLION. Je ne réclame pas ce que vous m’avez donné.

CALIDORE. Je te donnerai quand j’aurai.

BALLION. Quand vous aurez, venez chercher la belle.

CALIDORE. Hélas ! hélas ! que j’ai misérablement perdu tout ce que j’ai porté chez toi, tout ce que je t’ai offert !

BALLION. La bourse est à sec, vous avez recours à la langue. C’est une sottise : ce qui est passé est passé.

PSEUDOLUS. Regarde au moins qui c’est.

BALLION. Il y a longtemps que je sais ce qu’il était ; à lui de savoir ce qu’il est à présent… (A son esclave.) Marche, toi.

PSEUDOLUS. Ne peux-tu pas enfin nous accorder un regard, Ballion, quand il y a profit pour toi ?

BALLION. À cette condition, Oui. Je sacrifierais au grand Jupiter, je tiendrais déjà les entrailles dans mes mains pour les mettre sur l’autel, que si l’on venait m’offrir du gain, je planterais là le sacrifice.