Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/287

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SIMON. Qu’il veut l’affranchir ?

PSEUDOLUS. Assurément encore.

SIMON. Ne t’apprêtes-tu pas à mettre en œuvre toutes tes ruses pour m’escroquer vingt mines ?

PSEUDOLUS. Vous escroquer…

SIMON. Oui, et les donner à mon fils afin qu’il rachète sa maîtresse.

PSEUDOLUS. Il faut encore avouer cela, assurément, assurément.

CALLIPHON. Il avoue !

SIMON. Ne vous le disais-je pas tout à l’heure, Calliphon ?

CALLIPHON. En effet.

SIMON. Pourquoi, dès que tu as su cette histoire, m’en as-tu fait un mystère ? pourquoi n’en ai-je pas été instruit ?

PSEUDOLUS. Je vais vous dire. Je ne voulais pas donner le mauvais exemple d’un esclave qui dénonce son maître à son maître.

SIMON. Si on ne devrait pas le faire traîner par le cou au moulin !

CALLIPHON. A-t-il donc si grand tort, Simon ?

SIMON. Très-grand.

PSEUDOLUS. Laissez, je connais parfaitement mon affaire, Calliphon ; mes fautes sont à moi. (A Simon.) Écoutez-moi, à présent. Si je ne vous ai pas informé des amourettes de votre fils, c’est que, si je l’avais fait, je savais bien que le moulin était tout prêt.

SIMON. Et ne savais-tu pas que de mon côté aussi, le moulin t’attendait pour m’avoir caché la vérité ?

PSEUDOLUS. Si fait.

SIMON. Alors pourquoi n’avoir rien dit ?

PSEUDOLUS Parce que d’une part le mal était imminent, de l’autre il était plus éloigné. Ici un danger présent, là un peu de temps à gagner.

SIMON. Et qu’allez-vous faire maintenant ? car pour me soutirer de l’argent, serviteur, surtout quand je suis averti. Je préviendrai tout le monde qu’on ne vous prête pas un denier.

PSEUDOLUS. Oh ! certainement je ne me mettrai aux genoux de personne, tant que vous serez de ce monde ; c’est vous, ma foi, qui me donnerez l’argent ; c’est de vous que je l’aurai.

SIMON. De moi ?

PSEUDOLUS. Parfaitement.

SIMON. Si je t’en donne, je te permets de m’arracher un œil.