Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/295

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CALIDORE. Quelle voix se fait entendre ?

PSEUDOLUS. Vivat ! vivat ! vivat ! C’est vous, vous, vous, mon prince, que je réclame, vous qui donnez des lois à Pseudolus, je vous cherche pour vous offrir trois fois, en triple hommage et sous triple forme, une triple joie, une triple allégresse trois fois gagnée par un triple artifice aux dépens de trois ennemis vaincus par malice, fraude et tromperie. Je vous apporte le tout sous ce petit pli cacheté.

CALIDORE, à Charin. C’est notre homme.

CHARIN. Comme il fait son tragédien, le bourreau !

CALIDORE, à Pseudolus. Avance-toi en même temps que moi.

PSEUDOLUS. Tendez hardiment la main pour recevoir votre salut.

CALIDORE. De quel nom faut-il te saluer, Pseudolus ? Espoir ou Salut ?

PSEUDOLUS. L’un et l’autre.

CALIDORE. Salut donc, l’un et l’autre. Mais qu’y a-t-il de fait ?

PSEUDOLUS. Que craignez-vous ?

CALIDORE, montrant Charin. Voici celui que j’ai apporté.

PSEUDOLUS. Comment, apporté ?

CALIDORE. Amené, veux-je dire.

PSEUDOLUS. Comment s’appelle-t-il ?

CALIDORE. Charin.

PSEUDOLUS. Bravo ! mais je lui rends grâce.

CHARIN. Que ne me commandes-tu ce qu’il faut faire ?

PSEUDOLUS. Bien obligé. Merci, Charin ; je ne veux pas que nous vous importunions.

CHARIN. M’importuner, vous ? ah ! c’est ce mot-là qui m’importune.

PSEUDOLUS. Demeurez donc.

CHARIN. Qu’est-ce que ceci ?

PSEUDOLUS. La lettre et le signe ; je les ai interceptés tout à l’heure.

CHARIN. Le signe ! quel signe ?

PSEUDOLUS. Celui qu’envoie le militaire ; son esclave l’apportait avec cinq mines d’argent, (à Calidore) et venait pour emmener d’ici votre maitresse ; mais je l’ai joliment enfoncé tout à l’heure.

CALIDORE. Comment cela ?

PSEUDOLUS. C’est pour les spectateurs que se joue la comédie. Ceux qui se trouvaient là le savent ; je vous le raconterai plus tard.