Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/296

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CALIDORE. Que faisons-nous à présent ?

PSEUDOLUS. Aujourd’hui même vous embrasserez votre maitresse devenue libre.

CALIDORE. Moi ?

PSEUDOLUS. Vous.

CALIDORE. Moi ?

PSEUDOLUS. Vous-même, vous dis-je, si je ne- perds la vie ; mais il faudrait me trouver vitement un homme.

CHARIN. De quelle figure ?

PSEUDOLUS. Malin, madré, roué, qui une fois la main à la pâte, soit assez habile pour savoir se conduire ensuite par lui-même, et surtout qu’on n’ait pas vu souvent par ici.

CHARIN. S’il est esclave, cela fait-il quelque chose ?

PSEUDOLUS. Non, je le préférerais de beaucoup à un homme libre.

CHARIN. Je crois pouvoir vous donner un malin, un finaud, que mon père vient de m’envoyer de Caryste : il n’a pas encore mis le pied hors de la maison, et il est arrivé hier à Athènes pour la première fois.

PSEUDOLUS. C’est à merveille. Mais je voudrais aussi emprunter cinq mines, que je rendrai dans la journée ; (montrant Calidore) son père me les doit.

CHARIN. Je les donnerai ; inutile de chercher ailleurs.

PSEUDOLUS. Oh ! le digne homme ! il me faut encore une chlamyde, un coutelas et un chapeau.

CHARIN. Je peux les fournir.

PSEUDOLUS. Dieux immortels ! ce n’est pas Charin, c’est le dieu de l’abondance ! Mais cet esclave fraîchement débarqué de Caryste, a-t-il un peu de goût ?

CHARIN. Un goût de bouc sous les aisselles.

PSEUDOLUS. Il sera bon qu’il ait une tunique à manches. A-t-il un peu de sel dans l’esprit ?

CHARIN. Oui, du plus salé.

PSEUDOLUS. Et s’il fallait tirer du même tonneau un peu de douceur, en a-t-il aussi ?

CHARIN. Belle demande ! vin de myrrhe, vin cuit, vin de liqueur, hydromel, miel de toute sorte. Bien mieux, il s’était mis dans le temps à tenir dans son esprit un débit de boisson.

PSEUDOLUS. Bravo, très-bien, Charinus, vous me fouettez avec mes propres verges. Mais comment s’appelle-t-il, cet esclave ?

CHARIN. Simia.